L’antre enfumée est pleine de papiers griffonnés, raturés,
hachés. Confettis de rejets qu’il se refuse à publier. Essais, encore et encore
mis sur l’établi de sa machine qui cliquète dans une rageuse chanson de frappes
agressives. Ecrire, encore et toujours, essayer d’atteindre la perfection du
premier jet, trouver le mot juste, celui qui sonnera bien.
Pourquoi écrire ? Pour les autres ? Pour ses
proches ? Pour lui ? Les trois à la fois, ou aucune de ces
possibilités. Volonté de faire prendre corps à son texte, le faire vivre,
respirer, exhaler quelque chose qui se partagera.
Course éperdue en avant, cracher ses poumons en même temps
que ses peurs, ses désirs et ses envies d’impossible. Se lancer, chute
vertigineuse dans un monde fait de mille et un mots tous plus différents les
uns que les autres. Jongler avec. Essayer de se frayer un chemin dans cette
quête éperdue. Et arriver, enfin, après avoir tapé et retapé ces mots, forgés
sur l’enclume d’encre et de papier, à s’exprimer.
Rage de vivre, rage de vaincre, rage d’être. Il écrit,
encore et encore, arrache une feuille de papier de sa machine, la roule en
boule et la balance dans la poubelle. Jamais satisfait, toucher du doigt la
perfection, comme Adam touche presque Dieu sur le plafond de la Sixtine.
Essayer, encore et encore. Sur le parquet, les larmes d’encres des papiers déchirés forment une mare noire de mille et un regrets.
Essayer, encore et encore. Sur le parquet, les larmes d’encres des papiers déchirés forment une mare noire de mille et un regrets.
Fièvre de l’écriture, il tient quelque chose, il écrit,
encore et encore. Ses doigts tapent de plus en plus vite sur la machine, passe
d’une lettre à l’autre comme s’ils valsaient à un rythme infernal. Danser,
bouger, se mouvoir, tant de synonymes pour une seule chose : l’émotion. Il
chercher à s’émouvoir, encore et encore, et quand il sera ému, il se sentira
totalement vidé. Quelqu’un aura soufflé enfin sur sa vie. Et seulement alors il
pourra espéra les émouvoir, tous, et l’émouvoir, elle.
Vain espoir, la perfection n’existe pas, n’est-il pas ?
Mais tout le plaisir et là, travailler et retravailler, avoir le sentiment de vivre au travers de l'écriture. Sentiment du fer, rêve d'acier. Rage éternelle de ne pas perdre, alors que l'on est qu'un infini perdant.
Y croire, un seul instant, vaut toute infinité.
Mais tout le plaisir et là, travailler et retravailler, avoir le sentiment de vivre au travers de l'écriture. Sentiment du fer, rêve d'acier. Rage éternelle de ne pas perdre, alors que l'on est qu'un infini perdant.
Y croire, un seul instant, vaut toute infinité.
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