mardi 26 juillet 2011

Prague

Un train militaire aux armes de l’Empire Rouge roule dans la plaine. Le talus de la longue voie reliant Moscova à Prague est bordé sur des centaines de kilomètres de champs, parfois de rares villes et villages font leur apparition, mais le train ne s’arrête pas, il roule à toute vitesse vers Prague.
Le train blindé avance, serpent d’acier rouge, crachant une épaisse fumée noire.
Les wagons sont bondés de soldats et de sous-officiers, la guerre est finie, mais son ombre n’est point encore partie. Prague s’arme, les Monts de fers s’arment…L’Ordre Noir est blessé, mais pas encore tué.
Le wagon des officiers est étrangement calme, comparé aux chants joyeux et aux rires des soldats buvant de la vodka, heureux de vivre encore un peu avant les grandes batailles.
Un seul homme s’y trouve, il fume lentement sur une cigarette, s’arrêtant seulement pour boire à petite gorgée un verre de vin, venu tout droit d’Ys. Perdu dans ses pensées, il ne regarde ni la plaine grasse et vertes, encore boueuse, en ce début de printemps. Il ne voit pas non plus les carrés vides, ni les lourdes tentures et les boiseries et marqueteries des tables et des reposes pieds, ni les armes du tsar gravées en lettres d’Or, bordés de râteliers de sabres et d’épées d’apparat.
Il fume, bouffée après bouffée, une longue cigarette. La fumée enveloppe son visage, le cache à moitié. On ne voit de lui que son uniforme rouge sang, frappé au col des deux étoiles réglementaires sur fond noir. Ses épaulières indiquent son grade, capitaine de la Garde. A sa poitrine, seulement deux décorations, une étoile Rouge sang, et le Masque Ailé, insigne du corps des renseignements militaires.
Le train décélère, entre dans les faubourgs de Prague. L’homme finit sa cigarette, l’écrase dans un cendrier en verre. Il se lève. Il est grand, mince. Ses cheveux noir de jais sont plutôt long, des mâchoires dures,  un nez aquilin et des yeux gris. Un visage beau mais dangereux, comme tous les visages de Siberia. Une marque profonde à sa joue gauche le distingue encore plus, trois sillons, comme trois coups de griffes.
Une ordonnance vint prendre son bagage lorsque l’officier l’arrête. Il va vers le marche- pied, s’enveloppe dans une pelisse noire réglementaire. Le train siffle et grince en s’arrêtant le long des quais. Il ouvre la porte, prend sa mallette alors que le train roule encore un peu. Les bielles et pistons stoppent leur mouvement, un long souffle de fumée blanche s’exhale du train. L’homme descend, pose sa mallette au sol, met sur sa tête sa casquette réglementaire, tire de sa poche une longue cigarette fripée, l’allume avec son zippo en argent, ce dernier porte un écusson, un loup noir en relief. Il exhale de la fumée. Les soldats descendent, se séparent selon leurs affectations et les camions qui approchent sur ce quai de gare, où reste à leur place, en direction des monts de fer.
Il tire encore sur sa cigarette, regarde l’heure à la pendule du quai.
Il sourit, il est arrivé, il est rentré…

Un homme l’attend à la sortie de la gare, devant une voiture d’état-major, Hispano Suiza. Officier comme lui, portant le même uniforme rouge, semblable à lui si ce n’est ses cheveux blonds coupés courts. Ils s’embrassent.
« As-tu fais bon voyage Vassili ?»
« Trop longs, Andreï, bien trop long…De Vladiv à ici, j’ai dû ronger mon frein »
« J’imagine, mais je te promets bientôt de l’action. Tes ordres sont déjà arrivés, le colonel t’attends »
« Alors allons-y, mon cher Commissaire à l’Etat-Major, félicitations pour ta promotion chez les scribouillards et les politiciens»
« Ne te moque pas, j’œuvre à la paix avec ce que tu appelais naguère les salauds »
Vassili ne rétorque pas
Les deux hommes  montent dans la voiture, et démarrent. Derrière eux, une femme blonde, habillée en homme, plie un journal et le cache dans les plis de son caban. Elle se tourne vers une voiture, fait un discret signe de la main. L’automobile noire démarre. La femme sort une cigarette fripée de la poche de sa veste, et l’allume avec un zippo d’argent, portant le même Loup Noir que sur celui de l’officier.

La voiture des deux officiers avance lentement dans les embouteillages de fin d’après midi
« Cela fait plaisir de te revoir Vassili. Combien de temps ? »
« Cinq ans, cinq années Andreï…Vladiv est une belle ville, mais rien ne bouge plus que Prague »
« Tu l’as dit…L’Ordre passe des armes et des bombes à ses fidèles, des mercenaires de tout acabit et de tous les bords luttent dans les faubourgs pour contrôler les rues. La tension monte entre nos Alliés et nous. La population a peur en même temps elle nous hait, nos officier et ceux d’Ys meurent dans des attentats alors que nos services arrêtent chaque jour que le Sauveur fait des hommes de l’Ordre…La guerre n’est pas finie »
« Elle finira un jour Andreï. Elle doit finir, nos diplomates s’y exercent »
« J’espère bien. Ys est présente en force, comme l’Ordre, comme nous. La situation peut basculer d’un jour ou l’autre si les diplomates échouent. Au fait, fais bien attention, les services Bleus savent que tu es ici, et Elle est là aussi »
« Ne t’inquiète pas, j’ai déjà senti sa présence. Ses hommes doivent nous suivre, laissons les cogiter un peu, et allons prendre mes ordres. »
La voiture file vers la caserne Centrale, siège de l’Etat-major de l’armée de sa Majesté le Tsar Pierre III.

La caserne centrale est un bâtiment gothique très sobre, en pierres blanches. L’intérieur de l’enceinte est dépouillé, ni tentures ou tapisseries, sauf les bannières des régiments présents dans le Hall Central. Les escaliers de la vieille bâtisse sont branlants, nombreuses sont les vitres brisés colmaté avec quelques morceaux de tissus. Le spartiate décor est tourné vers une seule chose : la guerre.
L’endroit est calme, des officiers d’ordonnances passent avec des piles de feuilles, des cartes. Les rares discussions se font dans un murmure glacial. En dehors des machines à écrire, seul le vent se fait entendre dans les longs couloirs nus.
Andreï guide Vassili jusqu’à un bureau perdu au cœur du bâtiment. Un long couloir sombre, mal éclairé par quelques rares lumi-globes,  mène vers une petite porte en chêne noir. Rien d’écrit dessus.
« Je dois te laisser ici. Tu connais la procédure »
« Bien sûr. J’espère que l’on pourra prendre un verre au Carré Noir ce soir »
« Si le Sauveur le veut, bonne chance Vassili ».

Deux coups à la porte. Un sec entré. Vassili pousse le lourd battant. La pièce est vide, sauf un énorme bureau noir, derrière lequel pendent deux drapeaux aux armes de Saint Georges. Au sol, sous deux chaises en bois, une peau d’ours, seul preuve d’élégance.
La personne derrière le bureau regarde Vassili entrer, saluer et se tenir au garde à vous. C’est un homme d’un âge incertain, avec de grandes lunettes ronde, derrière lesquels se trouve deux yeux plissé d’un noir de pierre, surmontées d’un crâne chauve, rasé de près, comme certains militaires Tatars ou Sibériens le font. Une longue moustache de part et d’autre d’une bouche cruelle, marquée par une cicatrice au coin droit, renforce l’origine levantine de l’homme.
« Repos Capitaine. Ou devrais-je dire Capitaine Chevalier. »
« Merci Colonel Comte, mais mon titre n’est rien pour un soldat-citoyen de sa Majesté »
« Toujours aussi modeste Vassili. Oui, vous êtes noble par naissance, mais vous n’en avez jamais profité. D’où votre lointaine exil alors que j’avais besoin de vous ici… »
« Le passé est le passé Colonel. Je suis là pour saisir la chance »
« J’espère bien Vassili. J’espère bien. Vladiv était bien trop loin pour un homme comme vous, et nous savons tous que vous n‘avez commis aucune erreur, sauf d’être plus brillant que le Commandant Sovarov, et cette jeune femme d’Ys mais cela est autre chose. » Le colonel scrute Vassili de son regard d’aigle, ce dernier ne cille pas et attend. Reprenant, le colonel dit « Sovarov n’est plus là, mais Elle si, bien que j’imagine qu’Andreï t’as déjà mis au courant, ne cherche pas à nier, c’est moi qui lui ai donné cet ordre. Je te prierais de ne pas remettre ta carrière en jeu pour une femme, même une alliée Vassili »
« Bien Monsieur »
« Sovarov n’est plus là, mais je tiens peut être le moyen pour toi de te venger. Tu as été mon meilleur élève et mon meilleur élément, ne me déçoit pas cette fois-ci, est-ce clair »
« Oui Colonel »
« Voici vos ordres Capitaine Vassili. Sur ordre de sa Majesté Pierre III, Tsar de tout l’Empire Rouge, vous êtes réintégrés dans les rangs de la Garde Rouge. Félicitations mon neveu, te voilà à nouveau au service de l’Etat…Passons maintenant à cette missions »

La table du Carré Noir porte des reliefs d’un repas copieux, et de nombreuses bouteilles éclusés par Andreï et Vassili. Ce dernier fume une de ses longues cigarette fripée, un buvant à petite lampée une vodka, tandis que son ami tire sur une pipe à eau.
« Greta fait toujours aussi magnifiquement  la cuisine, je suis repu » dit Vasilli.
« Oui, un bon repas ici, est la vie nous sourit. »
Les deux amis rient un temps, avant de reprendre leur sérieux.
« Connais-tu Piotr Oulianov Andreï ? » débute tout de go Vassili
« Famille riche, des Parlementaires. Piotr a un frère à la Sécurité Intérieur, grand ami et secrétaire du frère Sovarov. Lui-même dirige ici une manufacture de produits et machines agricoles…Ne me dis pas que tu cherches déjà les ennuis ? »
« Non, non ce n’est pas cela. Je veux juste savoir ce que tu sais de ses activités ici, à Prague. »
« En tant que commissaire à la reconstruction je présume ? Son entreprise a besoin de quantités de métal faramineuses, il fournit toute la Pologne et Germania avec des machines de très haute qualité. Il s’en est bien sorti en reprenant le personnel Teuton et les fours, il produit plus de métal puddlé et de machines que nos meilleures industries d’armement de Petrograd ou Moscova. Mais tu dois le savoir déjà. On le dit trempé dans des affaires occultes et quelques trafics, mais rien de précis. Veux-tu venir avec moi demain visiter la Forteresse ? J’ai une visite de la commission de Paix demain »
« Pourquoi pas, on m’a dit que c’était un lieu charmant, n’est-ce pas ? »
Les deux amis rirent de bon cœur

Andreï posa Vassili devant une vieille pension, en lui demandant de rester prudent, ou du moins sage, et surtout de ne pas manquer le rendez-vous à l’aube. La pluie fine et glaciale de ce début de printemps tombe en une ondée légère. En trois bonds, Vassili a monté les marches de la maison biscornue. Il pousse la porte, entre à pas de loups. Dans le salon, une vieille femme ronfle devant un feu. « Elle m’a attendu toute la nuit » pense-t-il en souriant. Il s’approche, remonte la couverture, et sans faire plus de bruit monte les escaliers. Il arrive devant une grande porte en bois sombre, trace une rune en l’air, et pose sa main sur un heurtoir à tête de diable. Une lumière rouge éclaire la figure infernale, et se répand en longs entrelacs tout aussi rouge sur l’ensemble de la porte, dessinant comme un pentacle. De l’autre côté l’on peut entendre des sifflements et des claquements de l’acier se rétractant, comme si un serpent de fer grillageait le bois noir.
Un dernier déclic, et le ventail s’ouvrit.

« Viendras-tu » Vassili parle aux ombres du grand escalier « Ne fais pas ta mauvaise tête, viens ! » Une silhouette émerge à ce moment de l’ombre d’une fenêtre, dans le couloir de gauche.
« Depuis quand sais-tu que je suis là ?»
« Tu aurais pu dire bonsoir Vassili, tu m’as tellement manqué. »il rit sous cape « Mais bon ma très chère Rose, je sais que tu n’es pas comme toutes les femmes. Tu m’as fait suivre ce matin à la gare, une voiture noir, et il me semble t’avoir aperçu en train de lire un journal si je ne m’abuse. »
Silence de glace
« Toujours aussi professionnelle. Tu ne me répondras pas. Continuons mes probabilités alors. Si tu me fais suivre depuis ce matin, tu as attendu toute la journée devant l’Etat-Major, et tu me suis depuis qu’Andreï est venu me chercher. Mais devrons nous discuter toute la nuit sur le pas de ma porte, au risque de réveille cette bonne Hilda, où te décideras-tu à entrer ? »
« Passe devant mon cher Vassili » sourire glacial, comme d’habitude
Il sourit largement, se tourne ostensiblement, la mettant presque au défi de la poignarder.

L’intérieur est cossu mais sans plus. Une tapisserie rouge aux murs des couloirs, des tapis en poils de chameaux orientaux. Une pièce principale avec des sofas et quelques chaises XVIIIème, une chambre vaste que l’on voit par l’ouverture à gauche, avec surement la salle d’eau au fond. A droite, un cabinet privé. Les murs de la pièce principale, de la chambre et du bureau sont recouvert de bibliothèques.
Vassili se rend vers un petit buffet en bois, en tire deux coupes et une vieille bouteille de cognac.
« J’espère que tu aimes encore cela. Hilda a vidé mes bouteilles de vodka on dirait »
« Elle est toujours aussi prévenante » Rose rie d’un rire clair en disant cela, puis elle s’assoit dans un des sofa.
« Pourquoi es-tu venue ? » dit-il en lui tendant son verre
« Je pourrais te rétorquer la question » elle avala une lampée d’alcool, ce qui rosit ses joues
« Il se trouve que tu es chez moi Rose. Et le renseignement militaire d’Ys ne laisse jamais rien au hasard, encore moins ses meilleurs agents »
« Peut-être est-ce parce qu’un officier aux yeux gris m’a manqué, peut-être ne suis-je pas en mission, ou peut-être que je veux savoir ce qui fait que l’on t’a rappelé ici »
« Il faudra me tirer les verres du nez très chère »
« Alors, il faut que je me mette au travail, Capitaine Chevalier » tout en disant cela, elle se lèva lentement et commença à dégrafer le premier bouton de sa chemise



Le lendemain à l’aube, Vassili portait toutes les traces d’une nuit agitée. Andreï ne fit aucun commentaire, si ce n’est un sourire narquois en regardant l’uniforme froissé de son ami.
« Tu as réussi à arriver à l’heure, un exploit non démérité. Mais tu devrais changer d’uniforme. Ne t’inquiète pas, j’ai tout ce dont tu as besoin ici. Tu seras officiellement un sous-officier de la commission, disons, à la logistique. Tu seras bien sur sous mon commandement. »
« Tant que tu ne profites pas de ton grade. Commandant »

Le cortège des trois voitures officielles entra dans l’immense complexe, la Forteresse comme tous l’appelaient à Prague. Trois cheminées monumentales étaient le point de repère, mais des dizaines d’ateliers se trouvaient aux pieds de l’immense usine principale où du puissant mur d’enceinte, qui surplombait l’Elbe sur la façade Ouest. Tout un complexe industriel, qui avant était une des premières usines d’arme de destruction de Germania.
Vassili entrait pour la première fois ici, et il fut estomaqué, comme tous ceux qui entraient ici, par le gigantisme. Les fours brulaient, du métal en fusion en sortaient, des hommes et de femmes à moitiés nus étiraient ou battaient l’acier encore chaud, ou le faisait entrer dans des moules gigantesque en terre cuite. Fusion du métal et des corps, chaleur infernale de l’acier cuit et recuit, titanesques machines de fer battues et rebattues jusqu’à atteindre la perfection, voilà ce qu’était la Forteresse.
Les trois voitures s’arrêtèrent devant un ensemble de bâtiments gris ternes, marqués du sigle Administratif.
Deux hommes les attendaient, l’un en costume trois-pièces sombre, et l’autre enveloppé dans une blouse blanche, le contremaître et ingénieur principal comme le présenta Andreï.
La visite n’enthousiasma en rien Vassili. Pourquoi l’envoyer ici, en dehors de la grille, en acier trempé, de la muraille Ouest qui conduisait l’eau de l’Elbe nécessaire au refroidissement du métal en fusion, rien ne semblait pouvoir sortir ou entrer facilement sans que personne ne le voit, encore moins les yeux vigilants des hommes des services secrets, de l’Empire ou d’Ys.
Oulinaov les abandonna rapidement, problèmes administratifs urgents. Il n’avait pas une tête de traître, surement qu’il avait quelques combines, mais pas plus grosses que d’autres. Certes il suait abondamment quand il avait été salué par les officiels de la Commission, mais ce n’était que des présomptions, et les affaires fiscales n’étaient pas le domaine de Vassili.
Hartmann, l’ingénieur, c’était une autre paire de manches.  Vassili connaissait son dossier, très proche de l’ancien directeur, appartenant, tièdement pour les Services, à l’Ordre Noir. Il avait été un des inventeurs de génies, créant les Bouffons Feux d’Enfers, des machines de morts, qui lui avait valu une vilaine cicatrice sur son crâne, cloqué et brûlé lors d’un essai raté. Mais c’était un cerveau, et il menait avec brio les employés qualifiés de l’usine, donc l’Empire avait cruellement besoin pour la reconstruction.
Il parlait peu, montrait tout ce que l’on voulait, et se cachait derrière une réserve froide. Oulianov se reposait entièrement sur lui, le spécialiste…Mais pourquoi le soupçonner de quelque chose ? Oulianov était un imbécile, mais certainement pas un traître. Peut-être qu’Hartmann avait un moyen de pression sur lui ? Vu la rapidité avec laquelle Oulianov s’était éloigné. Cela méritait considération, mais rien ne semblait se voir de façon décisive.
« Et ici, la salle de stockage » la voix d’Hartmann était sèche et rocailleuse. Ils étaient entourés de monstres de métal, allant jusqu’à 12 mètres de hauts pour les moissonneuses-batteuses à vapeur. Plusieurs niveaux, des poutrelles et des câbles en aciers, mais aussi des tonnes de métaux en barres et de charbon en montagnes noires, prêt à aller à la fonte.
« Où vont ces couloirs ? » demanda Vassili, distrait de ses pensées, mais intéressé par une volée d’escalier qui descendait
« Aux fours principaux, nous pouvons amener la coke plus facilement sur le petit wagonnet que vous voyez-là » en effet, le sol était pavé de rails « reprenons la visite je vous prie »

« Alors, que penses-tu de cette usine ? » demanda le Colonel
« Oulianov n’a pas la tête d’un traître, et Hartmann fait froid dans le dos avec sa cicatrice, mais c’est tout » Vassili craque une allumette et se mit à fumer une de ses sempiternelles cigarette.
« Rien de plus ? »
« Je pense qu’Hartmann est très intelligent, toutes les questions avaient une réponse. Mais il me semble qu’il cache quelque chose, trop allusif. Avons-nous les plans des sous-sols »
« Non, ils ont été détruits lors de l’assaut sur Prague » dit Andreï
« Détruits, intentionnellement ? »
« Nous ne savons pas, l’ancien patron est mort sous les balles. Seul Hartmann reste de l’ancienne équipe. Tu penses qu’il y a quelque chose là-dessous ? »
« La grille sur l’Elbe empêche toute entrée, mais si il existe des salles souterraines, ce serait le meilleur endroit pour faire entrer discrètement, disons, un bateau, une péniche par exemple. Tu as toi-même noté que beaucoup de métal n’était pas utilisé ou jeté au rebut, et il me semble que l’usine fonctionnait malgré un siège intense, les cheminées étaient effondrées à une époque non ? »
« Oui. Mais ils semblent privilégier la qualité » dit Andreï
« Où c’est ce qu’ils veulent nous faire croire, continue je te prie Vassili »
« Les anciens moules non plus n’existent plus, mais une usine comme ça peut cacher bien des secrets. Le métal non utilisés peut certainement fabriquer des armes, et peut être même des Bouffons »
« Bien, la messe est dite. J’enverrais des hommes surveiller l’entrée, cela ne coûte de l’argent qu’à l’Etat, et à toi une bouteille de vodka si tu te trompes » le Colonel partit d’un rire cynique « A peine à pied d’œuvre, et déjà tu sembles trouver des solutions. »
« Simple intuition Colonel. Simple intuition »

Trois jours plus tard, Vassili fut convoqué dans le bureau du Colonel.
« Tu avais raison, la police fluviale a vu une péniche disparaitre à l’aube, et ne jamais réapparaitre. Tu as la bonne piste. Tes recherches en bibliothèques avancent ? »
« Peu à peu, la Forteresse a été construite sur une ancienne carrière, il doit y avoir des dizaines de tunnels là-dessous, mais plus de cartes. Je pense qu’il est l’heure d’une petite infiltration. »
« Fais attention, si l’Ordre se cache ici, ta vie et ton âme seront en jeu »
« Je ne m’arrête plus à ce genre de considération, vous devriez le savoir »

Une semaine de garde supplémentaire enleva toute réticence. Quelque chose de louche se tramait dans ses conduits. Vassili n’eut pas à se faire embaucher. Une escouade de nageur de combats en armures, appuyé d’un Bouffon Aqueux permit en effet de trouver la faille, la grille en acier était facilement rétractable.
L’attente se fit, jusqu’à ce qu’une péniche noire remonta l’Elbe, par une nuit sans lune.

Vassili se préparait sur la péniche, revêtu d’une combinaison de nage.  Soudain, de la rive d’en face, une petite embarcation à moteur s’approcha. Une jeune femme blonde se tenait à la proue
« Rose…Qu’est-ce qu’elle fait là Vassili. Elle ne devait pas être au courant, tu risques gros »
« N’ayez pas peur Colonel. Je ne viens pas embêter votre neveu ni ingérer, nos Services s’inquiètent aussi de la Forteresse. Un homme de l’Ordre a parlé, les ordres et les armes viennent de ce lieu. Permettez-nous seulement de vous aider à démanteler le réseau » dit-elle en embarquant « nous sommes encore allié non ? »
« Vassili ? »
« Elle a raison Colonel Comte. Et puis, si elle vient avec moi, la situation sera réglée, rapidement. »
« Tu as ma bénédiction, mais surtout, cette affaire ne doit remonter à aucun prix, est-ce clair ? »
Rose et le jeune homme saluèrent, en signe d’acquiescement.

Une dizaine de minute passèrent, ils plongèrent.
« Tu sais ce que tu auras à faire, utilise tes pouvoirs pour la grille. En avant »
La jeune femme obéit dès qu’ils furent arrivés, elle se concentra sous l’eau, et une glyphe blanche forma un amas de bulle, lentement, tandis qu’elle levait ses bras au ciel, la grille d’acier se souleva. Ils passèrent.
Le couloir sous l’eau était moins long que ce qu’ils pensaient. Une centaine de mètre. Ils arrivèrent derrière la péniche noire, sortant à peine la tête.
Elle était accostée à un quai, et de nombreuses caisses transitaient vers elle. Une trentaine hommes en armes se tenait en faction, prêt à réagir au moindre souci.
Tous portaient un uniforme noir, et les casquettes avec l’Aigle de Fer.
« L’Ordre est là »
Oulianov aussi. Il regardait la transaction, sans bouger, très pâle, entouré de gardes. Hartmann faisait signer un registre au capitaine du bateau, qui portait lui aussi distinctivement, sur sa veste, l’insigne des officiers du Corps Noir.
Se faufilant contre la coque du bateau, imperceptibles, Rose et Vassili avancèrent jusqu’au fond de l’immense quai, et sortirent de l’eau derrière des caisses.
« Dix heures moins une, ils vont agir en surface. » dit Vassili en regardant sa montre « Es-tu prête ? »
« Oui, on tient enfin ces salauds, on décapitera surement la tête de l’hydre »
« Pour un temps. Dix heures, en avant »
Vassili sortit de derrière les caisses et hurla.
« Services de renseignements de l’Alliance, vous êtes cernés ; lâchez vos armes ! »
Tous les hommes présents se retournèrent, pointant leurs fusils.
«Vous voulez rire jeune homme. Se désarmer contre deux enfants ? Mais, attendez, je vous reconnais. Vous êtes l’homme de la commission ? Ach, Oulianov, vous êtes un idiot, vos renseignements sont faux, vous pensiez que votre gouvernement n’agirait pas. »
« S’il, s’il vous plait, ce n’est pas ma faute…Vous vous prenez trop de risque…Ce, cela devait forcément ressortir »
 « Imbécile ! Cela sera votre tour après ces deux-là » En disant cela Hartmann se tourna vers le gros homme et le gifla. « Kommandant, c’est à vous je crois »
« Heil, soldats, tuez ce jeune prétentieux je vous prie »
Vassili sourit.
« Croyez-vous que je suis venu seul ? A toi Rose » et il sauta se mettre à couvert, tout en déchargeant son Hatereb 51.
La jeune femme avait trouvé dans une caisse plusieurs grenades. Concentrant ses pouvoirs, elle les lança un peu de partout dans la pièce, sans faire de distinction entre soldats et ouvriers.
Les balles ennemies crépitaient, les explosions fracassaient le quai. Hartmann poussa vivement Oulianov, tandis que le Kommandant tirait des balles de son lüger, répondant coup pour coup à Vassili. Un tiers des soldats étaient au tapis.
Hartmann s’enfuyait vers la sortie, une porte blindé qui remontait vers la surface, quand celle-ci fut fracassée par une explosion.
« Vous êtes cernés. Force de Répression de l’Armée Rouge »
Les soldats et les ouvriers déposèrent leurs armes rapidement.
Oulianov pleurait à terre, touché par une balle perdue. Le Kommandant, face à la situation, tourna son lüger vers sa tête.
« Hartmann, où est Hartmann » hurla Vassili, en courant vers le quai.
Une porte claqua. 
« Là-bas » c’était Rose.
Vassili sprinta, mit ses deux bras en avant et enfonça violemment la porte.

Vassili entendait devant lui la course, dans les couloirs sombres et humides, à peine éclairé par quelques lampes à pétrole. Il courrait, à en perdre haleine.
Soudain, il déboucha sur un collecteur d’eau.
« Stop » Hartmann se tenait devant lui, de l’eau jusqu’à mi jambes, une télécommande à la main « Vous êtes fait jeune homme, vous êtes entourés de Bouffons »
En effet, derrière la cascade du collecteur, Vassili pouvait clairement distinguer des silhouettes, qui une à une s’éveillaient.
Tous ceux qui n’ont jamais vu les robots à vapeur, deux mètres cinquante de hauts, se mettre en marche, ne peuvent pas comprendre l’effroi que même un seul de ces êtres aux yeux rouges, crachant une épaisse fumée, peut créer.
Pourtant, Vassili souriait.
« Qu’est-ce qui vous amuse ? »
« Vos effets pathétiques. Oui ce sont des Bouffons derrières, des Pantins de Morts, mais je ne les crains pas, je ne crains pas votre petite télécommande. Vous les avez éveillés, mais savez-vous les contrôler ? Êtes-vous un Mécamancien ? »
« Que…Que…Impossible, vous n’êtes même pas un mage. »
« Qu’en savez-vous Oberstleutnant Hartmann, du Premier Régiment d’Honneur de la Garde Noir, présentement Chef des Corps Francs de l’Ordre Noir de Germania à Prague. Oui, je sais tout, vous avez cru vous jouer de moi en passant pour un simple ingénieur, mais Oulianov a parlé, ça vous ne le saviez pas, nous protégeons sa famille depuis ce matin, et lui-même s’est rendu avant-hier aux gens d’Ys…Dieu ait pitié de vous herr Oberst, vous allez comparaitre devant le tribunal interallié pour crime de guerre…Bouffons, arrêtez-le »
Hartmann se retourna, tira vainement  plusieurs balles dans une grande armure noire, qui se saisit de lui et le bloqua…

« Comment savais-tu tout cela sur Hartmann ? » Demanda Rose, tout en embrassant le torse de Vassili.
« Très facile, l’acharnement à détruire les preuves qu’il a fourni m’a indiqué la piste à suivre. Cela fait une semaine que Moscova m’a confié le dossier d’un certain Hartmann, ingénieur de son état, gravement brulé lors d’une bataille sur le front Est. Décoré, il a intégré la Garde Noire. Cela avait fait la une des journaux de l’Ordre à l’époque, et heureusement, les archives du Berliner sont intactes. Reveux-tu un peu de champagne ma douce ? »
« Avec plaisir, Commandant Chevalier. »

mardi 12 juillet 2011

Le Croque Mitaine


Une taverne mal famée, loin des regards des bonnes gens et surtout de la milice de la ville. Mon contact ici devait déjà y être, mais je préférais attendre dehors, sous une arcade à l’abri de la pluie, l’heure exacte du rendez-vous. Je fumais lentement un petit cigarillo, regardant minutieusement tout ce qui pouvait passer dans cette rue.
Des bars à foisons, des ouvriers qui rentraient ou sortaient, selon qu’ils finissaient ou commençaient leur tours, quelques gandins venus se perdre auprès des putains et des fumées à rêves…Rien que de bien normal dans cette bonne vieille ville Tëmo.
Mon cigarillo finissait de se consumer, d’une pichenette  je le jetais dans une flaque de boue où les dernières braises finirent de se consumer en grésillant.
Relevant le col de ma capote, je traversais la rue…L’heure était venue

Je rentrais dans le bar, si l’on peut appeler ce bouge de ce nom. Des habitués se tenaient près d’un poêle en fonte qui dégageait une mauvaise chaleur, et surtout une fumée âcre qui noircissait les murs, déjà dégoulinant d’humidité. Cela sentait le renfermé, le corps d’hommes qui passaient et repartaient soit à l’usine soit dans leur galetas.  Tous buvaient une mauvaise gnôle faite maison, servie dans des verres plus crades les uns que les autres. Les plus riches commandaient sur leur pécules des bouteilles de cette immonde tord boyaux qui arrachait même aux plus aguerris des mines rouges et quelques hoquets lorsqu’ils le buvaient trop vite.

Mon contact se trouvait au fond du bar, dans un recoin sombre, sa chaise appuyée contre un mur. Il buvait lentement du tord boyaux,  d’un regard perdu. Quiconque ne le connaissait pas aurait pu penser que sa mine hâve et ses yeux glauques montrait l’état pitoyable d’un homme qui boit plus que de raison, mais il n’en était rien.
Il regardait en effet tous les allers et venues, connaissait chaque visage, scrutait et mémorisait chaque tic de chaque client…Un bon fic en somme, ou un bon indic, je n’ai jamais u vraiment la différence.
Je m’asseyais comme lui, à la table voisine, tournant le dos au mur et regardant la porte qui battait au rythme des entrées et des sorties. Le patron m’apporta un carafon d’un vin aigre et quelques tapas déjà froides, je payais et commençais mon repas…

« Tu veux des infos sur le Croque Mitaine petit ? »
Je mâchais lentement ma bouchée de pomme de terre, l’homme ne s’était même pas tourné vers moi, il buvait lentement son verre, le faisant rouler sous ses doigts noirs de crasse, quoi que sous ses ongles jaunis par la consommation de tabac, cela aurait pu être des caillots de sang séché.
« Tu sais que personne le connait vraiment, que beaucoup pense qu’il n’est qu’une légende des rues » une pause, il but une goutte, fit rouler trois fois son verre, « peu de gens l’ont jamais vu en action… »
« Et vous, l’avez-vous vu ? » je sortis de la poche de ma veste mon porte feuille ainsi qu’un cigare. L’homme regardait avidement
« C’est tout comme… »
« C’est tout comme n’est pas l’avoir vu monsieur » je tirais le portefeuille près de moi
« Bon d’accord, moi je l’ai jamais vu de ma vie, mais j’ai tout un dossier sur lui, des notes de Chasseurs, et plusieurs ragots issus de les informateurs des cités alentours… »
« Le dossier je vous prie »
« D’abord l’argent » il est malin celui-là.
J’ouvre mon portefeuille, en tire une liasse de billet, pose ma main dessus et la glisse vers lui.
« Le dossier je vous prie » ma voix est encore une fois neutre, bien que je mette une pointe d’agressivité pour lui montrer que, même si je suis habillé comme un blanc bec de l’université, je connais le système.
Il me regarde droit dans les yeux, je ne cille pas, il sourit dévoilant plusieurs chicots noirâtres, de sa longue veste crasseuse il tire un dossier, mis dans une enveloppe de papier kraft de bonne facture. Pas d’armes dessus, juste le marron du papier neuf et propre.
« Merci » Il prend la liasse tandis que je récupère l’enveloppe
« Vous ne le lisez pas ? » trop interrogateur, mais il a raison, je risque de faire une bourde.
Je sors un délicat couteau en argent, un cadeau d’une vieille amie. J’ouvre l’enveloppe. Pas d’images, quelques rapports de Chasseurs qui se sont fait dépassés par le Croque Mitaine. Toujours des corps mutilés de démons Rebelles, il chasse dans les rues et le territoire du Comité…Pourtant il n’a jamais, semble-il, tué d’humains ou de Chasseurs…Seulement des Démons Rebelles.
« Impressionnant, très impressionnant monsieur »
« Vous devriez pas le chercher jeune homme…Ce type, regardez le rapport du troisième Chasseur, c’est un putain de magicien…Il a démonté la Sorcière des Flammes avec des sorts de glaces si puissants que les Chasseurs ont passé un mois avant de retrouver son corps…Et là, il a vaincu le Prince des Balrog Aldenaï avec sa Faux…Personne l’a jamais vu, mais il laisse une piste sanglante derrière lui, nombre de seigneurs Undead et Lycans sont morts… »
« Cela ne vous concerne plus monsieur » je lui souris « le Croque Mitaine est mon affaire, pas la vôtre, merci du renseignement en tout cas »
Je sors une liasse de billets supplémentaire, lui tend et m’en vais…Je ne suis resté que trop longtemps ici.

Le lendemain, le vieux ne revint pas au bar, ni le surlendemain…Quelqu’un prévint la police, on força la porte de son galetas…Il était mort, tué au moment où il entrait dans sa chambre, coupé en deux par un objet qui aurait pu être une faux… 

A oui, en vous rapportant cela, j'ai seulement oubli de vous dire, le Croque Mitaine supprime tout les traîtres qui connaissent trop de choses sur lui =)

dimanche 3 juillet 2011

Quelque part dans Syharla (Confrontation)


Dédicace spéciale à Twist


L’aurore aux doigts de rose éclaircissait à peine le ciel dans le désert du Syharla, et Kassadim se sentait en Paix.
Sa caravane n’était qu’à quelques minutes du prochain dépôt où ils passeraient la journée, avant d’entamer leur dernière marche vers Fort Kalistan, où ils pourraient enfin tous se prélasser.
Tandis qu’on faisait entrer le lourd attelage, surmonté de sa cage de fer, sous les sables, Kassadim regardait le soleil se lever peu à peu, rosissant la ligne de dune à l’Est.
De l’Ouest, d’où ils arrivaient, la nuit était encore d’un noir d’encre, mais il connaissait parfaitement le danger de se retrouver seul au grand jour dans les sables du Syharla, là où ne vivait que son peuple, les Biens Nés du Scorpion.
Shamir n’était plus éloigné, il se sentait en paix devant la majesté des lieux, mais quelque chose l’étreignait.
Certes, la mission s’était déroulée sans problèmes ; le Necromancer avait tenu parole et lui avait amené les deux hommes qu’ils devaient convoyer jusqu’à Shamir…Ils avaient réussi la mission au-delà de toute espérance, et les biopsites seraient heureux de travailler sur les corps des deux vigoureux templiers, et Kassadim serait heureux de gagner la gloire qu’il recherchait au nom de sa famille.
Né guerrier dans une famille de Sorciers, il ne s’était jamais senti à l’aise avec les intrigues de cours, sous les lourdes tentures et les voiles légers des palais du Scorpion. Là, à l’air libre, alors que le soleil commençait d’émerger petit à petit, astre d’or sur le désert, il était en paix, mais quelque chose dans l’air n’allait pas, les membres de sa Compagnie n’étaient pas joyeux comme à leur habitude, surement la fatigue du voyage, mais quelque chose d’autre pointait, il ne savait quoi.
Le biopsite, un bien né de son clan, égayaient les conversations régulièrement en parlant des délices de Shamir et des tortures raffinées qui seraient offertes aux deux templiers aux Clones évolués, le Nefaris et les deux arbalétriers, qui composaient le groupe principal. Kassadim s’entendait bien avec le biopsite, et même s’il était froid avec les clones, il était heureux de pouvoir compter sous son commandement les meilleurs guerriers que le Scorpion avait pu mettre à sa disposition. Mais là, aucun d’eux ne parlait, semblant absorbés dans leurs tâches quotidiennes  comme les clones de base qui composaient l’essentiel de l’escorte, qui finissaient de débarrasser les lourds brontops  de la cage de fer, comme pouvait le constater Kassadim en descendant l’escalier pour profiter de la fraicheur du repère.
Le biopsite irait bientôt abrutir de drogues et nourrir par intraveineuses les prisonniers, avant que tous aillent se coucher, le ventre plein.
Un clone allumait les lumiglobes du fond de la caverne, éclairant une vaste oasis souterraine, un autre allumait un foyer pour préparer le repas. Soudain, Kassadim fut attiré par un éclat, comme un reflet de métal.
Et la mort fut sur eux, le clone aux lumiglobes fut proprement décapité par une épée. Des cris de guerres féroces furent poussés, cinq hommes noirs émergèrent des ténèbres, tirant volées sur volées de carreaux acérés. Trois puis quatre clones tombèrent, la moitié de l’escorte. Le biopsite dégaina un poignard court face à un homme dont le corps était entouré d’une cape aussi sombre que les ténèbres. Le poignard fondit sur sa cible, mais le guerrier esquiva, rit d’un rire clair et net, et de sous sa cape poinçonna sauvagement le cou du biopsite d’une dague acéré, avant de lui ouvrir une boutonnière en travers de la gorge.
Le nefaris tenait tête à trois guerrier, mais un des assaillants, en retrait, sortit de sous sa cape un lourd pistolet, visa posément et abattit d’une balle en pleine tête le lourd clone.
« Gryphons …Les Chiens de Guerre, ce n’est pas une légende» murmura Kassadim pour lui même
Les deux siamois, tirant coup sur coup de leurs arbalètes, se tenaient derrière Kassadim, mais aucun trait n’atteignait jamais les silhouettes sombres, qui venaient de se débarrasser des derniers clones.
Les cinq guerriers s’approchaient, lames dégainées. Les deux clones arbalétriers chargèrent mais furent immédiatement interceptés.
Kassadim se trouvait seul. La partie était finie pour lui. Il toisa ses adversaires. Deux Traqueurs, un magistrat, un Chasseur de démon et un Paladin. Ce dernier se tourna vers le magistrat, et lui dit
« La sentence ? »
« La mort »
Kassadim ne vit rien venir, quatre balles furent tirées en même temps, et son corps s’affala sur le sable de la caverne, à un jour de la gloire et de Shamir…

vendredi 1 juillet 2011

Yggdrasil 03

texte sans suite, par flemme, mais aussi parce que jamais joué...


La ferme fortifié de Strepsir se trouvait devant eux. Leurs trois journées de chevauché s’étaient déroulées sans aucun soucis, dans la joie et la bonne humeur. Olaf contemplait sa vallée, qu’il avait conquise lorsqu’il était jeune avec son frère Ragnar, le père de Sonja et d’Angus. Ils étaient partis de rien, et maintenant ils tenaient entre leurs mains les Sept Vallées. «Freyja, déesse de miséricorde, prend mon frère en pitié et offre lui du temps ».
« Vous avez dit quelque chose père ? » questionna Erik.
« Non mon fils, ce n’est rien, la joie de revoir nos vallées m’embrume l’esprit comme une femmelette…En parlant de femme, vous feriez bien de courir annoncer notre arrivée avec Wulf, sinon votre mère va encore hurler. »
« Tu as entendu Erik…Le premier arrivé » Et Wulf piqua des deux, imité immédiatement par son compagnon.
« Ah ces deux là, Hilda va être folle » dit Sonja en approchant son cheval de son oncle.
« Oui ma nièce, folle de joie de les revoir. Deux été à la cour du roi, elle va vouloir tout savoir. » Olaf souriant en disant cela, pensant à sa femme qui allait surtout s’occuper des garçons comme les gamins qu’ils étaient pour elle, remettant en place leur folie…Il n’aurait pas aimé courir à travers la vallée comme ces deux jeune fous le faisaient sans soucis de la matrone qui les attendait.
Tous deux contemplait la vallée du Slepnir. Les petites fermes exhalaient une douce fumée dans l’air, prête pour l’hiver. Les hommes réalisaient les derniers fourrages pour les bêtes, et réparaient les derniers trous des chaumières pour lutter contre les glaces qui allaient bientôt s’abattre. Sur la colline du Slepnir, Olaf pouvait distinguer les allées et venus de ses gens. L’air sentait la paix.
« Vous semblez troublé mon oncle »
«Ce n’est rien. Je pensais seulement que ton père avait fait du beau travail. Les Sept Vallées sont en paix, nos navires ramènent des richesses sans que les razzias ne soient plus nécessaires, les marchands de Suède et de Norvège traitent avec nous nos armes contre leur fourrures et leurs bijoux. » Olaf fit une pause « J’espère que cela durera encore longtemps, les guerres ne sont jamais belle. »
« Je le sais mon oncle. Cependant, mon père s’affaiblit, et vous le savez. Angus ne maintiendra pas l’unité entre tous les clans, il est par trop colérique et a trop d’amis chez les Slipnirson. Les loups sont là, prêts à reprendre les armes, et les tambours vont gronder… »
« Tu es Volvä, la Vieille a du te dire certaines choses mon enfant, mais la trahison n’amène que d’autres morts…Si la guerre reprend, ce sera le sang de tous les jeunes que j’ai formé qui coulera, dans les batailles et les pillages…Je ne veux pas voir cela à nouveau. Pas pour mon fils et ses amis… »
« Olaf, je comprends ta peine » repris la jeune fille avec conviction. « Tu sais que je suis fiancé à un Slipnirson, et que mon devoir est de soutenir mon frère. Cependant, je suis aussi fille de roi, nièce d’un Jarl des marches. Je dois tout faire pour maintenir la paix dans les Sept Vallées. C’est pour cela que Wulf et Erik m’accompagneront demain, voilà les paroles de la Volvä »
Tandis qu’elle tenait ce discours, Olaf avait regardé sa nièce droit dans ses grands yeux verts, et il avait vu la vérité et le pouvoir se dégager de la frêle jeune fille. Au fond de lui, il savait que malgré les batailles à venir, les ténèbres des Slipnirson et d’Angus seraient contrebalancées par la pureté de Sonja Ragnardottir. Dans le silence, les deux cavaliers se remirent en route pour la ferme fortifiée des Slepnir.