jeudi 16 mai 2013

Une nouvelle gueule pour Bel-Ami (partie 2)



Qui avait parlé ? La servante ? Le prêtre ? Bellamy ne savait pas, mais attaché, nu, dans une basse-fosse aux murs de pierre nus, rougis par les interrogatoires qui avaient eu lieu dedans et qui sentait encore le pissat et la merde des condamnés, il n’en avait cure. Il voulait savoir où était sa femme, avant même de se soucier de la douleur des coups reçus, qui avait poissé sa chemise et ses chausses de sang, son sang. Une grille s’ouvrit.
« Voilà notre Dom Juan… » C’était la voix du cousin de Madame, malgré le loup gris qui recouvrait les yeux des conjurés, Bellamy en aurait juré.
« Tu croyais que nous allions te laisser retourner l’esprit d’une catholique suppôt de Luther ? Tu es fou Bellamy, fou à lier, et nous allons expier ton hérésie de ton corps, tout comme ma cousine le fera dans un couvent»
Elle était donc encore en vie, il souriait tandis que l’autre hurlait sa rage, Bellamy pensait que si la vie dans un couvent tuerait son aimé, au moins, elle n’aurait pas à le voir comme il allait certainement finir dans les heures à venir. L’autre s’était tu
« Tu n’écoutes pas ? A ta guise, tu te repentiras plus avant. Frappez-le un peu, avant que notre invité n’arrive »
Avec une joie non feinte, les deux autres prirent des longues barres en fer, et commencèrent à frapper avec force sus ses côtes et ses jambes. En suspension, ayant du mal à respirer, une douce syncope l’emporta.

***

Le seau d’eau froide le réveilla. Il était glacé. Depuis long il ne portait plus que ses chausses, sa chemise lui avait été arrachée. Tout son corps était une plaie, des lamelles de peau manquaient sur sa poitrine, ses tétons avaient été brûlés, et son visage portait les stigmates de coups, nez cassé, oreilles sanglantes. Des bulles roses s’échappaient de ses narines et de ses lèvres, mêlées à l’eau salées qui brûlait ses plaies. L’homme en face de lui s’était présenté comme un inquisiteur, mais depuis longtemps il avait enlevé sa chasuble de dominicain pour des vêtements moins salissants. A force de coups, de brûlures et d’autres tractions des muscles, il avait cherché à faire abjurer Bellamy, mais ce dernier continuait sans cesse de répéter ses prières en français.
Le cousin de sa douce et belle femme enrageait à mesure que Bellamy s’entêtait,  cherchant toujours de nouveaux moyens sadiques de le faire souffrir. Si le sang qui coulait dans ses yeux ne gênait pas sa vue, Bellamy aurait d’ailleurs juré que tous étaient en train de bander, tant leur haut de chausses étaient rebondis. Vraiment, ces hommes étaient des pervers complètement fous.
« Il va nous lâcher Monseigneur. Il ne parlera pas. »
« Et bien tant pis, qu’on en finisse. Mais avant, je vais lui faire ravaler son sourire » Le cousin s’approcha donc, une dague à la main.
« Tu sais Bellamy, voilà quinze jours que nous te torturons sans cesse, mais tu ne t’es pas repentie. Tout comme ta femme…Heureusement, les bonnes sœurs de Saint-Georges lui retireront tes poèmes et tes imbécilités antiques, avant de lui arracher le fruit de vos fornications, sale hérétique. »
Bellamy tressaillit, il ne comprenait pas.
« Quoi ? Ma cousine ne te l’avait pas dit ? Tu l’as engrossée sale parpaillot…Mais ne t’inquiète pas, on noiera ton fils comme un chaton, il souffrira moins que toi…Nous ne sommes pas des bêtes…Oh, tu ne souris plus, allons allons, ne gâche pas la fête. » Il dégaina sa dague et regarda Bellamy qui n’avait plus la force de se rebeller. « Oui un nouveau sourire t’irait à ravir, ne bouge pas je risquerai de te manquer. Voragine, tient lui sa tête et ouvre sa sale gueule. » Une main saisit ses cheveux, tandis qu’on le forçait à ouvrir les dents. La douleur de ses membres le fit sombrer avant que le poignard d’argent ne commence d’entamer ses lèvres…

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