Notre histoire commence il y a de cela un peu moins de vingt
ans, dans une des familles aisées et respectables de notables Artlandais.
L’aube se levait, tranquille, dans une petite rue tout ce qu’il y a de plus
normale de Liberté, quand au N°10 l’on entendit le vagissement criard d’un
petit glouton affamé qui venait à peine de sortir du ventre de sa mère.
En fait de petit glouton, c’était une petite gloutonne, au
grand plaisir de Monsieur Beaver, honorable greffier du tribunal, fort respectés
pour ses talents et au carnet d’adresse nourri, et de sa femme, la fille de
l’éminent juge principal de Liberté.
Or donc, disions-nous, la petite Céleste naquit, quatrième
fille, dans cette respectable famille bien établie, puinée de dix ans moins âgé
que son plus jeune frère. Monsieur et Madame Beaver, qui ne s’attendait plus à
un présent tel que leur petite fille, la nommèrent donc tout naturellement de
ce prénom ô combien azuréen, même si comme tout bon Artlandais il ne croyait en
pas grand-chose.
Cadeau du ciel, Céleste faisait la joie de ses parents qui,
contrairement aux premiers, lui passèrent tous ses caprices. Et il faut dire
que la demoiselle n’en manquait pas. Pourrie gâtée jusqu’à la moelle, la petite
fille avait compris très jeune combien un sourire charmant pouvait lui ouvrir
les cordons de la bourse de son père.
Si elle était pourrie gâtée, cela n’empêcha, dieu merci, de
développer une certaine intelligence. Et à vrai dire, si elle avait des
caprices, ils étaient fort éloignés des jeunes filles de son âge. En effet,
prénom prédestiné peut-être, mais la jeune Céleste se passionna très jeune pour
tout ce qui touchait au domaine de la science et de la découverte.
Ainsi, à sept ans, elle s’amusait à regarder les astres avec
un télescope, qui eut un destin tragique le jour où elle essaya de le monter
toute seule sur le toit de la demeure familiale, mais cela est une autre
histoire. De même, les journées où il faisait mauvais, la jeune enfant passait
des heures à regarder les images des grandes fleurs et autres animaux sauvages
des confins des comptoirs Artlandais. Dès qu’elle apprit à lire, elle se jeta à
corps perdu dans les récits des voyageurs, veillant fort tard ce qui eut le
malheur de « nuire à son teint », du fait d’une légère tendance à
avoir des cernes quand elle ne dormait qu’épuisé aux alentours de l’aube.
Forgeant son intelligence et son savoir, la petite Céleste
ne négligeait cependant pas toutes les autres choses qu’une jeune demoiselle
pouvait apprendre. Mais elle n’hésitait pas aussi à faire de nouvelles
expériences. Que d’étés passés à chasser les grenouilles et salir ses robes
dans le petit lac de la propriété de campagne de son grand-père, que de petits
bobos et autres tignasses échevelées en chassant les araignées et en se régalant
de framboises dans les ronciers.
Céleste se rêvait aventurière, malheureusement, sa vie de
jeune fille la rattrapa bien vite. On l’enferma (c’est son terme) dans une
école pour jeune fille bien éduquée. N’en doutons pas, elle y mit un certain
souk avec sa future meilleure amie, Sarah Wellesley. Les jours aux pensionnats
ouvrirent la jeune fille à de nouvelles expériences, même si elle ne gouttait
guère la couture, elle lui permit d’expérimenter des techniques qu’elle
utiliserait très vite, tout comme la littérature la faisait voyager comme dans
son enfance, tout en découvrant l’amour.
Ah l’amour, nous faut-il conter ses premiers émois ?
Elle venait d’avoir quinze ans, fraiche comme la rosée, elle devenait femme. Un
joli sourire d’un mauvais garçon, et notre aventurière faillit s’enfuir un
soir. Cruelle déception, son chevalier servant ne l’aimait pas, et rompit peu
avant leur escapade. Depuis, un peu plus cynique, Céleste finit sagement ses
études secondaires, ayant pour la première (et dernière fois) goutté à la gifle
paternel. Il faut dire que ce souvenir cuisant lui rappelle combien une jeune
fille naïve peut être trompée, mais elle a donc aussi appris à se méfier, tout
en usant de ses charmes.
Arrivée à dix-huit ans, toujours aussi effrontée, Céleste
faillit entrer dans un des cercles féministes très en vogue. Nouvelle querelle
avec son père, quelques sourires, et si elle n’obtint pas d’aller vivre dans les
rues avec ses nouvelles amies, elle obtint d’accéder à son dernier
caprice : devenir médecin. Quand je vous disais qu’elle savait y faire.
Il faut dire que petite dernière, elle est relativement
libre. Ses ainées son casées, son frère a repris le poste de son père, pourquoi
ne pas passer ce caprice. Puis une femme médecin…C’est la voie vers
l’indépendance tout en restant dans un milieu social relativement proche, et
puis, les médecins sont de jolis garçons et souvent de bon partis, regardez ce
bon docteur Sullen qui se marie après cette histoire si romantique. Du moins,
c’est ce qu’avait pu entendre Céleste quand sa mère s’était fait l’ambassadrice
de sa cause et avait fait chuter les dernières réserves de Monsieur Beaver.
Céleste avait failli sauter de joie, son père l’avait ramené
à la raison par un contrat. Ses études seraient payées, mais elle devrait réussir
tout par elle-même, sans aide aucune en dehors d’une modeste rente. Libre à
elle d’accepter de prouver tout son savoir et son intelligence. Qu’elle rate
une année, et on lui organiserait un excellent mariage avec le neveu du
vice-procureur.
Tout était clair dans l’esprit de Céleste, ravie, qui
rejoint enfin les bancs de l’université, comme son ami Sarah qui elle s’est
lancée dans le droit.
Caractère et défauts :
Entêtée, obtuse et prête à tout, Céleste Beaver est une
ravissante jeune fille qui a parfaitement compris qu’au milieu de ces mâles, il
valait mieux jouer de son corps, cynique, que de son intelligence. Elle paraît
au premier abord un peu naïve, voire maladroite, n’hésitant pas à passer pour
plus bête qu’elle ne l’est, jouant plus de ses charmes et de son minois pour
obtenir ce qu’elle veut.
Quant à l’amour, si cette rousse incendiaire s’amuse à
charmer ses messieurs, elle n’a pour l’heure aucune confiance dans la gente
masculine.
De fait, malgré ses grandes lectures, elle ne connait pas grand
choses des gens issus d’autres milieux, et la faculté permet aussi d’assouvir
son insatiable curiosité du genre humain.
Portrait
Grande, mince, belle, Céleste porte toujours la dernière
mode. Elle se mettra toujours à son avantage en public par sa toilette, mais en
privé, elle peut adopter un négligé total au grand dam de ses parents.
Heureusement, pour l’heure, elle partage une chambre avec son amie Wellesley
pas loin de l’université, ce qui lui
évite toute remarques et bondieuserie de ses chers parents.
Ses atouts charmes sont l’ovale parfait de son visage, son
nez digne de Cléopâtre et ses yeux verts, accordés à de longs cheveux roux
brillant qu’elle entretient chaque soir à la brosse avec un grand soin, même si
elle les lâche rarement pour aller à l’Université.
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