samedi 18 mai 2013

La prise du Lacrima Christi (Bellamy partie 4)



« Et alors ? »
« Alors quoi ? » le vieux tendait avidement la main, le jeune homme posa une pièce d’argent en soupirant dans la paume qui se referma aussitôt.
« Ah cet alors ? Et bien Bellamy, s’il fut jamais un grand marin, devint un féroce pirate. Il avait l’estime d’Hornigold, il parlait bien, l’équipage avait peur de lui et de sa trogne, sans parler de sa sauvagerie dans les assauts. Des fois, paraîtrait qu’il a même tué des gars de chez nous…Mais c’était un chic type, toujours prêt à donner un coup de main et apprendre de nouvelle chose. Sans se faire d’amis, il était respecté, même si toujours il était plus froid qu’un glaçon de la Cordillère des Andes. Ça oui. Un tueur froid et violent, on aurait dit qu’il s’animait qu’au combat, et là, fallait le voir…Il tranchait et taillait un chemin sanglant mieux que quiconque, et pour un gars qui avait jamais tenu une arme de sa vie, il s’en tirait très bien. Ça me rappelle ce combat pour prendre le Lacrima Christi… »

***

Hornigold avait fait mander Bellamy.  Ils chassaient depuis quelques temps au large des Bahamas, attendant une proie, qui venait d’apparaître à l’horizon. Un vaisseau lourd, battant pavillon espagnol. Un négrier.

« Gamin, entre et assied toi. Du rhum ?» Hornigold jouait avec un couteau dans sa cabine, en négligé, révélant une peau brune. Son torse de bœuf était couvert de poils blonds de plus en plus striés d’argent. Les années avec Hornigold avaient été bonnes, mais jamais Bellamy n’avait oublié son serment. Il donnait la mort, mais un jour…Il rentrerait en France.
Il hocha la tête en signe de dénégation.
« A ta guise, mais ça fouette le sang avant un combat…C’est pour ça que je t’ai fait venir. Il me faut un homme de confiance pour prendre le château arrière…Genre toi, et quelques gars. »
« Ça sera fait. »
« Je le sais, mais je ne veux personne d’autre dedans. Il y a un trésor caché dans ce bâtiment, plus que des nègres, et je veux pas le rater, c’est clair ? Bien, alors prépare-toi. Au fait, si le Diable ne nous emporte pas, le Lacrima Christi est à toi»
Congédié, Bellamy s’inclina avant d’aller prendre son poste.

***

Bellamy était féroce. Ses longs cheveux noirs étaient retenus par un bandana de la même couleur. Sa chemise blanche avait viré au rouge sous les explosions de sang. Ivre de sang et de carnage, il s’était taillé un chemin avec quelques hommes, un grand Noir nommé Bombata qui maniait la hache comme pas deux, Sylvio le Serpent et ses dagues, et le vieux Gebedia qui adorait la poudre.
La voix rauque d’avoir trop hurlé et avalé la poudre, il maniait son épée, un cadeau d’Hornigold, une large lame de boucanier qui tranchait tout autant qu’elle piquait. Sa garde ouvragée était le résultat d’un long travail d’un artisan espagnol qui s’était évertué à dessiner des roses qui étaient maintenant teintées de rouges. Étrangement, cela faisait sourire Bellamy d’avoir étrenné cette belle arme, fruit d’une rapine, sur des hommes de sa majesté catholique. Son pistolet avait donné de la voix, mais lui avait aussi servi à fracasser quelques crânes.
D’un coup de botte, il écarta le dernier homme qu’il avait tué, presque un gamin qui avait à peine du poil au menton, avant d’enfoncer la porte du château d’un coup de pied. Les cabines étaient sans dessus-dessous, il descendit lentement, vers celle du capitaine. Verrouillée. Gebedia arriva, un pistolet chargé à la main.
« Fais-toi plaisir le vieux » dit Bellamy, amusé.
Sans se faire prier, l’autre tira et fracassa le cadenas. Dans le même mouvement, Bellamy enfonça la porte pour se retrouver…Face à une belle femme aux cheveux d’or, qui tenait une dague à la main. Qui était-elle ?
« Un pas de plus et je te tue, Gueux» elle était espagnole, à n’en pas douter.
Bellamy posa son pistolet, en signe de paix, ainsi que son épée.
« Je ne vous veux pas de mal Signora » il avait répondu dans la même langue, ce qui eut l’agréable don de la troubler, et de permettre à Bellamy après un bond de chat de lui saisir le poignet et de le tordre. Elle lâcha la dague, mais la jeune femme lui sauta dessus, cherchant à le mordre. La repoussant, l’homme aguerri par la mer la gifla d’un revers de sa main gantée, ce qui la propulsa de l’autre côté de la pièce. A terre, elle lui jeta un regard furieux tandis que du sang perlait à la commissure de ses lèvres.
« Madame, je ne vous veux vraiment aucun mal. Mais recommencez cela, et je ne me retiendrai sûrement pas. » Il avait parlé d’une voix dure, furieuse, l’autre ne répondit pas, sans être pour autant mâter.
Un hurlement de joie se fit entendre au-dessus, ce qui fit trembler le pont. Les pirates avaient vaincu, Hornigold descendit dans la cabine.
« Belle prise mon ami. Et l’or ? » Siffla-t-il en regardant l’espagnole.

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