mardi 21 mai 2013

Last night (Bellamy partie 6)



Le gentilhomme avait été accueilli à la porte austère d’une maison blanche. Derrière ces murs dignes d’une forteresse, on l’avait conduit à un petit jardin, où une fontaine gazouillait tandis que des fleurs embaumaient l’air de l’après-midi d’un parfum suave.
La Doña qui l’attendait avait servi elle-même le café après avoir demandé à ses servantes et une vielle duègne de s’en aller.
« Vous voulez que je vous parle de Bellamy c’est ça ? C’est d’accord, mais il faudra que vous me racontiez pourquoi. » elle avait dit cela sans le regarder, mais elle avait énoncé ces faits simplement, portant une sorte de menace implicite, avant de commencer son récit.

***

Un message d’Hornigold était arrivé. Demain, il conduirait Elvire à son oncle. La rançon était payée, il n’avait plus qu’à la laisser aller, en gens d’honneur.
Morose, Bellamy semblait distrait pendant le dîner. Elvire lui demanda ce qu’il se passait. Il lui expliqua donc ces lignes. Elle n’en sembla guère heureuse.
Pourtant, elle lui avait tant parlé de son oncle, et de Puerto-Rico, qu’il semblait incongru qu’elle ne dise rien. Il allait lui poser une question, quand elle lui demanda de raconter sa vie.
Il hésita, failli s’esquiver, mais finalement, il se décida. Pour la première fois depuis longtemps, Bellamy se révéla dans son entier, ce qu’il n’avait jamais fait depuis si longtemps, en Bretagne.

Elle avait bu ses paroles. Bellamy était un homme bien plus complexe qu’elle ne s’y attendait. Elle aurait voulu l’écouter, encore. Mais l’heure n’était plus aux paroles. Demain, elle ne le verrait plus. C’était leur dernière nuit. Elle le regarda dans ses yeux, elle qui avait eu si peur de lui. Et lentement, elle saisit sa main, bien décidée à ne pas gâcher l’instant. Se levant, elle embrassa cette paume, puis remonta son bras puissant, avant d’arriver à ce visage marqué. Bellamy allait dire quelque chose quand elle le fit taire d’un baiser sur ces lèvres torturées. Elle n’avait plus peur de lui, et c’est pour cela qu’elle se donna au seul homme qu’elle n’aimerait jamais.

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