Haïr. C’est tellement facile.
Haïr. Détester. Mépriser. Abhorrer. Abominer. Honnir.
Maudire. Vomir.
Tant de synonyme pour le sentiment le plus fort, et le plus
douloureux, avec l’amour.
Haïr. Laisser son ressentiment grimper, peu à peu. Le faire
mariner. Le ressasser. Pérorer encore et encore sur d’anciennes blessures. Se
laisser porter par ces fêlures. Jusqu’à en oublier la cause. Laisser couler le
fiel du ressentiment encore et encore. Plonger dans ce flux méphitique de pus,
jusqu’à se dégoûter soi-même et devoir réagir.
Explosion. La colère est saine quand elle nous prend. C’est
une simple réaction. La haine, elle, est plus insidieuse.
Elle brûle, encore et encore. Comme un fer porté au rouge.
Comme une maladie qui nous cloue au lit. Et puis, d’un coup, on explose comme
un volcan. Pour échapper à la pression. Pour faire valser tout ce qui nous
contrarie. Pour tuer cette maladie.
La haine nous pousse à mal agir. Sans réfléchir aux
conséquences. Sans réfléchir à nos actes. Au pourquoi du comment.
Toute cela pour se sentir bien.
Cracher son venin. Se purger.
C’est le sentiment de la colère. Il faut l’expulser de notre
corps comme on expectore une toux trop sèche qui nous secoue et nous fait
trembler.
Mais la haine, ce n’est pas la colère.
Non, la haine est encore plus insidieuse que la colère
violente et bouillonnante.
Elle nous réchauffe. Fièvre terrible qui nous pousse dans la
vie. Purger sa haine, c’est se retrouver seul face à un gouffre terrible.
Alors, il faut haïr autre chose. N’importe quoi. Tant que ce
ressentiment pervers nous aide à vivre un jour de plus. Qu’importe.
Haïr, c’est la plus belle des drogues. C’est le plus
savoureux des alcools au palais. C’est le meilleur des tabacs qu’on inhale. C’est
la plus délicieuse prise d’héroïne. La seule différence, c’est que la haine ne
nous tue pas. Elle nous rend plus fort.
Ou du moins, c’est ce que l’on croit.
On se forge un monde obtus et fermé. Un monde où ne voit l’autre
que comme un ennemi. Quelque chose à abattre, comme on tue un arbre à coups de
haches.
L’autre, celui qui n’est pas nous, et semble pourtant
toujours mieux que nous.
Echelle de comparaison erronée. La haine pousse à nous détester
les uns les autres.
Alors on hait. Encore et encore. Et un jour. Un autre jour.
Tout craque. Encore une fois.
Et on fait face alors à la vacuité de nos âmes. Au vide de
nos esprits. A la fadeur de notre vie.
Alors. Que faire. Haïr encore ?
Haïr, c’est tellement facile.
Aimer, ça l’est beaucoup
moins.
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