lundi 25 février 2013

Un pirate, deux pirates, trois pirates...Et si on avait des pourparlers ?

L’Ange se tenait à la fenêtre, les yeux fermés, profitant de l’air frais du soir, quand il entendit le code. Trois coups brefs, un coup long. Il se leva, félin, une dague à la main, s’approchant de la porte noire sans faire grincer le parquet malgré sa haute taille et son poids. De la main gauche, il ôta le loquet, avant d’ouvrir lentement la porte. Derrière, la fille du tavernier, petite frimousse rose tachetée de son sous de longs cheveux auburn, prévint monsieur l’Ange qu’un invité arrivait, mais qu’il souhaitait voir monsieur en bas.

Haussant les sourcils, le grand guerrier regarda la petite fille, avant de lui sourire de ses dents de perles et de lui glisser quelques mots à l’oreille. Elle gloussa, tandis que l’homme sortait de derrière son oreille percée par un anneau d’argent une pièce de huit, qu’il glissa dans la main de la fillette avant de lui faire jurer de garder le secret, en posant un long index sur la petite bouche.

Une fois la fille partie, l’Ange alla modifier quelques petites choses dans sa piaule, avant de s’asseoir contre la fenêtre, les fesses posées sur une chaise branlante dans un précaire équilibre.

La petite fille dégringolait les marches quand Hector Barbossa put la voir. Habillé d’un mauvais sarrau de toile grisâtre, elle courrait dans la taverne, petite et agile, au milieu de l’agitation des boucaniers et autres filles de mauvaises vies. Elle s’approcha vivement de l’homme après avoir glissé quelques mots à son père au comptoir, les mains sur les hanches, elle toisa le capitaine, avant de lui affirmer dans une phrase dite sur un ton perçant que :


« Son altesse le capitaine Barbossa, ancien traître à la piraterie, chiens des anglais, était convoqué à l’étage par un Ange pour se faire enfiler. Sauf si Monsieur Barbossa est bien trop peureux vis-à-vis d’un chien des mers et qu’il n’avait pas les balloches pour grimper lui-même pour conclure ses affaires privées sans témoins ! »

La saillie de la petite fille, criée sans aucune pause, ce qui avait fait rougir de colère la gamine, fit rire toute l’assemblée, tandis que des hommes et des femmes poussaient des lazzis contre celui qui était anciennement un Seigneur Pirate reconnu.
Quelqu’un hurla

« Hey gamine, on peut payer pour voir ? » ce qui attira une nouvelle crise de rire de tous les hommes présents ainsi que d’autres commentaires

« Barbossa, t’es trop pleutre qui t’faille t’entourer d’la racaille des mers pour négocier tes affaires ? »

Toute la salle avait pris le parti de la gamine, qui souriait à tout le monde en faisant virevolter sa robe. Son père, inquiet au début, riait sous cape en voyant l’homme fier qui l’avait pris pour un vulgaire valet se faire rabrouer par sa fillette. Décidément, plus elle grandissait, plus cette dernière ressemblait à sa défunte mère, et cela promettait beaucoup.

Par prudence, il avait saisi son mousqueton, des fois que le cruel Barbossa ne fasse quelque chose d’inconsidéré, mais les rires des hôtes le rassérénaient. S’il faisait quelque chose contre sa taverne ou sa famille, capitaine du Queen Anne ou non, il risquait fort de perdre bien plus que son reste d’honneur.

Théâtralement, attendant que Barbossa fasse quelque chose, il désigna du pouce la montée d’escalier


L’Ange avait attendu dans les ténèbres de la porte que l’homme à la jambe de bois entre. C’était si facile, le claquement sec de son organe invalide indiquait sur le parquet précisément où il se trouvait, puis il avait ouvert, visant immédiatement la forme sombre du mannequin que le français avait fait avec sa paillasse et un mauvais coussin.
Il avait armé le chien, et posé le pistolet sur sa tête, avant de faire entrer Barbossa dans la pièce, lentement. Puis il l’avait palpé rapidement, toujours sous la menace d’une arme, en profitant pour le délester de son épée qu’il avait poussée du pied. Alors, sentant la fureur de l’autre, il ne pouvait pas se moquer de lui plus longtemps, il dit seulement :


« Capitaine Barbossa je présume ? On m’a dit que vous vouliez me voir » il souriait en disant cela, serrant un peu plus son arme « Pas besoin de vous énerver, l’épée, c’est juste une simple mesure de sécurité…Comprenez, les affaires sont les affaires non ? »
L’Ange fit avancer le blanc dans la pièce, l’invitant à jeter la paillasse au sol et prendre place sur la chaise, lui-même le tenant toujours en joue de son pistolet.

« Ce n’est pas contre vous Capitaine…Mais votre refus d’obtempérer...» il parlait d’un débit fluide et monotone, qui trahissait cependant une origine métissée et française, sans attendre de réponse du pirate.
«Enfin... vous avez enfin accepté ma petite invitation. Et je parie que vous voulez savoir de quoi il retourne non ? » L’Ange souriait, tout en maintenant la pression à l’homme assis, le pistolet long et noir bien dressé, le doigt sur la gâchette. Avec ce genre d’armes à rouet, il savait très bien que le coup ne pouvait pas partir pour un certain nombre de raison, mais au pire, il savait aussi très bien s’en servir comme un casse-crâne, surtout avec la boule d’acajou noir que Des Nos lui avait fait ajouter pour ce genre de cas. L’Ange se rappelait cette nuit, il avait tué quelqu’un, et son maître l’avait récompensé.

« Mon patron a une proposition à vous faire…Non pas de question sur qui il est…Il vous propose une montagne d’or contre un petit service. Conduire son envoyé aux Seigneurs Pirates. »

La voix de l’Ange se faisait plus subtile, presque amicale, tandis qu’il s’approchait pas à pas vers sa victime.

« Il a une proposition à faire à tous vos amis…Mais si vous êtes le premier à saisir l’occasion…Imaginez le prestige qui rejaillira sur vous Seigneur Barbossa »

Il n’y avait plus qu’un mètre entre l’homme de main et le capitaine pirate, le pistolet toujours bien en main, l’Ange laissait à Barbossa le temps de réfléchir à la question. Au bout de quelques instants, il ajouta

"Est-ce que vous voulez en savoir plus ?"


 

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