J’ouvre mon ordinateur, je viens de finir un travail
important, je suis content. Je regarde rapidement le fil d’actualité Facebook,
un ami a réussi ça, une autre vient de prendre une belle photo avec son amoureux.
Tout semble aller bien, jusqu’à ce que je clique sur les commentaires d’un
article de journal.
J’ai mon cœur qui se serre. Une information banale, sans
politique, seulement des news people ou un témoignage de vie, et des dizaines d’insultes.
Des gens qui ne se comprennent plus, mais s’écharpent pour des choses aussi
futiles que les choix sexuels d’un être humain. Je parle de choix, parce que
les gens ont décidé de s’assumer pleinement, comme ils sont, et de l’affirmer
haut et fort à la terre entière. Il pourrait être totalement vrai, légèrement
ou carrément bidon, ce témoignage. Pourtant tout le monde se tire à boulet
rouge. Ce que les gens cherchent, c’est se tirer dessus pour de fausses
convictions, se déchirer sur internet avec une violence que jamais ils n’auraient
dans la réalité, se repaitre des autres dans des tentatives de troll, sous la
protection sacro-sainte de la liberté d’expression et de l’anonymat.
J’ai mon cœur qui se serre. Une information plus grave, la
vie, la mort, l’écologie. Des choses qui devraient toucher l’ensemble de l’humanité.
Et c’est le même marigot d’idées pour ou contre, dans de vains débats stériles.
Toujours les mêmes. Des appels à la haine. Des fustigations contre les
politiques qui n’ont aucun rapport avec le sujet. Des mots de plus en plus crus
qui appellent à la mort de l’autre.
J’ai mon cœur qui se serre. Si seulement c’était sur un
article, ou deux. A la limite je ne pourrais pas lire les commentaires, me
direz-vous. C’est surement une part de masochisme que de le faire. Mon bain de
haine quotidienne. Oui, je dois être masochiste. Définitivement, pour entrer
dans ce petit monde d’idée bouillante, de trolls et de gens qui savent mieux
que les autres tout sur tout et assassinent sans vergognes leurs voisins aux
coups du poignard de la plume virtuelle.
J’ai mon cœur qui se serre. J’ai peur en voyant ce qui se
passe. Pour moi, qui me sent mal à la lecture de ces mots. Pour les gens que j’aime,
qui pourraient se sentir mal en voyant ces choses, ou qui pourraient ne plus se
parler que comme ça dans nos rapports aux quotidiens. Pour l’humanité, parce qu’il
n’y a plus d’autres dialogues possible que celui de son petit nombril tout
proche, et plus aucune vision globale. Tant que l’on est pas touché, on peut se
permettre de dire tout est n’importe quoi, sous couvert de la liberté d’expression
ou de l’anonymat.
J’ai mon cœur qui se serre. Car des choses futiles ou
éminemment importantes, sur toutes les choses de la vie, je ne vois plus qu’une
bande de chacals qui s’arrachent les tripes pour gagner une lutte absurde d’idées
de plus en plus avariées.
J’ai mon cœur qui se serre…
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