jeudi 9 janvier 2014

L'Héritière (prologue)

La chambre d’hôpital était plongée dans la pénombre. Seule les lumières LED des appareils qui faisaient vrombir l’air ambiant donnaient quelques couleurs à la scène, signaux verts et rouges coordonnées avec les données vitales  de l’homme alité.
Il était âgé, de cet âge indéfinissable entre quatre-vingt et cent ans marqué par les rides et la décoloration de la peau. Ses cheveux blancs, longs et fins, formaient un petit toupet décrépi qui laissaient entr’apercevoir les marques d’un cerveau cybernétique, chrome sur argent.
Il avait les yeux ouverts, scrutant l’homme qui se cachait dans les ténèbres tout en écoutant le malade. Si le vieillard était emmitouflé dans une robe de chambre, l’autre ne laissait apercevoir que ses jambes croisées et gainées d’un pantalon de costume probablement hors de prix, tout comme les chaussures en cuir particulièrement soignées.
Le vieux monsieur parlait lentement, sans chercher ses mots. Il donnait ses derniers conseils. Puis, soudainement, au détour d’une phrase, il demanda :
« Le projet Pandore est-il lancé Hector ? »
L’autre attendit un instant, avant de sortir de sa poche un paquet long et fin. Il emboucha la cigarette avant de l’allumer. La lumière du zippo laissa apparaître quelques secondes un visage carré et dur. Cheveux ras en brosse, à la militaire, nez de boxer, mâchoire saillante. Un battant en costard cravate.
« Oui Monsieur. Mon meilleur agent est partie. Le voyage de Pandore devrait se faire dans les meilleures conditions. Même si j’eusse aimé y aller moi-même. »
« Hors de question Hector. » coupa le vieillard sèchement « J’ai besoin de vous ici, pour surveiller les agissements de nos ennemis. Vous êtes mon expert en sécurité, je ne peux pas me permettre de vous détourner de votre tâche. » Il marqua une pause, puis plus doucement « Même si je sais combien cela vous tient à cœur. Vous vous rattraperez autrement mon vieil ami. Ce n’est pas parce que le grand-père va disparaître que la petite fille n’aura pas besoin d’amis sûr. Et personne n’est plus sûr ici que vous Hector Donovan. N’oubliez jamais ceci»
Donovan poussa un long soupir, avant de reprendre.
« Il sera fait selon votre volonté Anthony. »
« Bien. Entre vos mains, je sais que Cartledger Company tiendra le coup. Le tant que ce foutu testament passe entre les bonnes mains. Maintenant Hector, laissez-moi seul. Je sens la fin arriver, et c’est bien la seule chose contre laquelle vous ne pourrez pas me protéger mon vieil ami ».
Donovan décroisa ses jambes et de leva. Lentement, il sortit de la pièce. Il marqua une pause infime dans l’entrée, sa silhouette découpée par les lumières plus vives du couloir.  Une fois dehors, tandis que le sas se refermait, il poussa un dernier soupir. Bientôt, son seigneur et maître allait mourir, et il ne pouvait effectivement rien faire.

Resté seul, le magnat Anthony Cartledger regarda le vide. Il siffla quelque chose à l’adresse de l’ombre tenace qui s’approchait, rampante.
« Pas encore ma vieille amie. Laisse-moi quelques instants je te prie. »
Il tira à lui un agent, petit téléphone pratique qui ne portait aucune marque ni insigne. Il entra un code, avant de lancer un dernier message.

« La boîte est ouverte. A vous de jouer…Prométhée »

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