La chambre d’hôpital était plongée dans la pénombre. Seule
les lumières LED des appareils qui faisaient vrombir l’air ambiant donnaient
quelques couleurs à la scène, signaux verts et rouges coordonnées avec les
données vitales de l’homme alité.
Il était âgé, de cet âge indéfinissable entre quatre-vingt
et cent ans marqué par les rides et la décoloration de la peau. Ses cheveux
blancs, longs et fins, formaient un petit toupet décrépi qui laissaient entr’apercevoir
les marques d’un cerveau cybernétique, chrome sur argent.
Il avait les yeux ouverts, scrutant l’homme qui se cachait
dans les ténèbres tout en écoutant le malade. Si le vieillard était emmitouflé
dans une robe de chambre, l’autre ne laissait apercevoir que ses jambes
croisées et gainées d’un pantalon de costume probablement hors de prix, tout
comme les chaussures en cuir particulièrement soignées.
Le vieux monsieur parlait lentement, sans chercher ses mots.
Il donnait ses derniers conseils. Puis, soudainement, au détour d’une phrase,
il demanda :
« Le projet Pandore est-il lancé Hector ? »
L’autre attendit un instant, avant de sortir de sa poche un
paquet long et fin. Il emboucha la cigarette avant de l’allumer. La lumière du
zippo laissa apparaître quelques secondes un visage carré et dur. Cheveux ras en
brosse, à la militaire, nez de boxer, mâchoire saillante. Un battant en costard
cravate.
« Oui Monsieur. Mon meilleur agent est partie. Le
voyage de Pandore devrait se faire dans les meilleures conditions. Même si j’eusse
aimé y aller moi-même. »
« Hors de question Hector. » coupa le vieillard sèchement
« J’ai besoin de vous ici, pour surveiller les agissements de nos ennemis.
Vous êtes mon expert en sécurité, je ne peux pas me permettre de vous détourner
de votre tâche. » Il marqua une pause, puis plus doucement « Même si
je sais combien cela vous tient à cœur. Vous vous rattraperez autrement mon
vieil ami. Ce n’est pas parce que le grand-père va disparaître que la petite
fille n’aura pas besoin d’amis sûr. Et personne n’est plus sûr ici que vous
Hector Donovan. N’oubliez jamais ceci»
Donovan poussa un long soupir, avant de reprendre.
« Il sera fait selon votre volonté Anthony. »
« Bien. Entre vos mains, je sais que Cartledger Company
tiendra le coup. Le tant que ce foutu testament passe entre les bonnes mains.
Maintenant Hector, laissez-moi seul. Je sens la fin arriver, et c’est bien la
seule chose contre laquelle vous ne pourrez pas me protéger mon vieil ami ».
Donovan décroisa ses jambes et de leva. Lentement, il sortit
de la pièce. Il marqua une pause infime dans l’entrée, sa silhouette découpée
par les lumières plus vives du couloir. Une
fois dehors, tandis que le sas se refermait, il poussa un dernier soupir.
Bientôt, son seigneur et maître allait mourir, et il ne pouvait effectivement
rien faire.
Resté seul, le magnat Anthony Cartledger regarda le vide. Il
siffla quelque chose à l’adresse de l’ombre tenace qui s’approchait, rampante.
« Pas encore ma vieille amie. Laisse-moi quelques
instants je te prie. »
Il tira à lui un agent, petit téléphone pratique qui ne
portait aucune marque ni insigne. Il entra un code, avant de lancer un dernier
message.
« La boîte est ouverte. A vous de jouer…Prométhée »
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