samedi 26 mars 2011

Vampire


Nouvelle ambiance après la lecture de Vampire le Requiem, jeux de rôle gothic punk par excellence...L'univers n'est donc ni d'Eyko ni de votre serviteur:
http://www.legrog.org/jeux/vampire-le-requiem

J’allume mon cigare négligemment, tire une grosse bouffée. Samantha fait une grimace, elle n’est toujours pas habituée, je n’en ait pas vraiment besoin, les morts comme moi ont plus besoin de respirer, et elle le sait, mais tant pis, c’est mon troisième, mon petit rituel avant chaque action, avant que Clark ouvre le portail en face de nous, nous sommes devant une vieille baraque, perdue dans la campagne New-yorkaise. La jeune femme se ressaisit et me passe le dossier, comme d’habitude, cela compte lorsque nous sommes morts depuis une vingtaine d’année. Je relis distraitement les lignes noires sur ce fond blanc, A4 normal. Nom : Bryan, Prénom : Cody, Emploi : chanteur de Rock…Surtout c’est un vamp’, un putain de déconneur du Belial’s Brood, qui s’amuse à faire capoter nos traditions, jouant avec  le bétail et la Mascarade, la sacro sainte règle de la famille…Je tire ma dernière bouffée, le téléphone de Samantha, ma goule, sonne à ce moment là, Clark vient d’entrer dans le système…Il parle vite, je l’imagine, affalé devant son ordi, son ventre et ses mains énormes plein de graisse luisante de la demi tonne de chips qu’il s’enfile chaque jour, il n’empêche que c’est un sacré bon hacker ; malgré le dégoût qu’il inspire à de nombreuses personnes, je l’aime bien. Système de défense basique, deux caméras qu’il arrêtera dès que nous sommes prêts, une demi-douzaine de gardes dans le poste à l’entrée, tous humains, une rave à l’intérieur.
« Ça va être remplis de poupées de sang, peut-être une ou deux goules », nous apprit Clark
« Pas grave, on le savait déjà »
« C’est quand vous voulez patron »
« OK, Sam, lance le code 1069 », dis-je, sourire aux lèvres, elle n’aime pas ce surnom, elle s’apprête à répondre, je sors, elle me regarde et appelle…Une demi-douzaine de voitures noires s’ouvrent en même temps, des types patibulaires, Samantha me suit, Jim et Suzy sont là…Ces deux là sont des vampires, comme moi…
« Andrew, nous sommes à tes ordres» dit Jim, grand black, une cicatrice sur son œil jamais refermée, trench noir. Suzy, petite chinoise, tailleur impeccable…
« Ok, entourez la maison, je vais entrer…Seul »
Tout le monde s’exécute, Samantha me colle de près, grande blond, les yeux bleus…J’arrive au portail, je met ma main dessus et pousse, Clark a encore fait du bon boulot. Nos gars en costard cravates courent, rentrent dans la baraque des gardes, tous s’est passé très vite. Samantha me suit jusqu’à la maison
« Reste la poupée », ordonnais-je, tout en tirant mon vieux Colt Python.
« Mais chef… » Commença-t-elle…
« Pas de mais, donnes moi cinq minutes, après tu arrives avec tes zigotos… » Toujours ce même conflit entre nous deux, depuis dix ans, elle n’a pas vieilli et moi non plus, elle tire toujours la même tête, elle veut me protéger, mais ce sont mes minutes à moi, mon petit plaisir de ma vie de vampire.
Porte en chêne, je la pousse, fumée et odeur puissante, hall vide je monte au premier…Je traverse des salons XVIIIème, me guidant grâce à la musique, de la merde et de la pisse recouvre les vieilles tapisseries, des gars ont gerbés sur un Cézanne, qui n’est pas à sa place d’ailleurs, à coté d'art moderne pseudo gothique...Petits cons, j’entre dans la salle de bal, des corps sont par terres, je ne m’attarde pas, je pousse dans le salon, encore plus de gars, défoncés on dirait, des lignes d’héro moisissent sur la table, ça pue l’alcool, une nana pompe un mec, une autre se fait sauter, les autres sont vidés, un semble raide pour de bon…J’enlève mon cran d’arrêt, je tends tous mes sens à l’affût, pompe un peu de sang pour trouver celui que je cherche, l’enfoiré qui mène cette baraque…Il est là, devant des portes fenêtres énorme, style porte de Versailles, grand cheveux longs, costards bleu roi…Il se retourne lentement vers moi…
« Bonsoir monsieur, dit-il, nous n’avons pas l’honneur de vous connaître », en plus il parle comme un putain de noble…
« Non et tu n’auras même pas le temps tête de nœud »
« Voyons, que de grossièretés, que je vais m’empresser de vous rendre », il siffle, deux gars se lèvent derrière moi, les goules…
Ils chargent, je ne suis déjà plus là, réfugié dans les ombres que je maitrise, je suis derrière le premier, j’ai remis mon flingue dans la poche, pas besoin de vider mon chargeur…Je lui chope son cou, clac, moins un…Je saute sur le second, un cou de croc et il se vide de son sang…Je crache un long glaviot rouge, rempli de chairs, le vamp’ est horrifié
« Autre chose Cody ? Non ? Bien, je suis là au nom du Prince Isaac, qui a décidé de t’accorder la mort ultime, vu que tu as continué tes pitreries devant les humains…Une dernière chose à dire avant que je te tue ? »
« Va te faire foutre » il se jette sur moi, je le sentais se préparer pendant ma petite tirade, mais moi aussi je pompais mon sang…J’esquive, il réattaque, rapide le bougre…Je ressors mon colt tandis qu’il me frappe, vlan, je prends le coup… « Tu peux faire mieux non Cody ? Tu luttes pour ta vie tout de même », je pense que je n’ai plus qu’une minute, faut accélérer un peu…Il m’attaque une fois encore, toujours comme un boxer…Je saute au dessus de lui, et je vide mon chargeur tout en finissant mon salto…Son costard est foutu…Mon flingue vidé…Et là, il fait quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas, il saute par la fenêtre et se met à courir en sautant par-dessus la balustrade…Pas le temps de recharger, je m’amuse comme un fou, je le course, je suis plus vieux et plus aguerri…Je saute sur son dos, en plein milieu de la propriété, un bon coup sur la colonne, il ne bouge plus, il va lui falloir un petit moment pour soigner ça…Je prend une bonne pointe en bois dans mon trench, je le retourne, il me regarde, et comprend…Je plante mon pieu droit dans son cœur, Maxwell aimera surement le cadeau…
Samantha est à mes cotés tandis que je redémarre la voiture, elle m’a regardé pour voir si j’étais blessé, à part mon nez et l’œil au beurre noir tout est bon, puis comme d’habitude elle m’a engueulé, parce que il y a eu quelques dérapages (sic !) ainsi que pour ma prise de risque, disant que ce n’était pas mon rôle de courser les petits délinquants…Seulement, elle sait aussi que c’est mon seul plaisir, elle s’énerve pour la forme, par habitude… Suzy et Jim s’occupent des poupées, Samantha  et  moi nous reprenons la voiture, escortée par deux BM noirs, Cody est étendu sur la banquette arrière, il nous regarde, ses yeux implorent… « Fallait pas jouer les cons », dis-je, allumant un nouveau cigare, Samantha fait la moue, je ris en démarrant….

Un mois plus tard, vingt-trois heures trente, bibliothèque du City College of New York

Je relâche tranquillement ma proie, la jeune femme vient de me donner mon repas du soir, je l’entends encore murmure « Oui mister Ancel, c'est si bon!», pour avoir été mordu en Afghanistan, je peux vous dire que je ne comprends pas ces humains qui prennent plaisir à la morsure, enfin chacun con trip. Un Daeva m’a dit que nos croc agissait comme le sexe, couplé avec un bon coup d’ecstasy, j’en sais rien, ce qui compte c’est qu’elle prenne son pied et qu’elle ne se souvienne de rien, la Mascarade quoi ! Je retourne fureter dans les couloirs de la bibliothèque de l’ex Université de la City, quel gâchis, j’adore cette vieille Université, et ces abrutis préfèrent déménager vers Manhattan, au moins, ils ont laissé les livres…J’arrive enfin dans la section des livres rares, ésotérisme et magie…Le bétail croit que ce sont des contes de sorcières, moi aussi quand j’étais encore humain je m’en moquais un peu, jusqu’à la découverte à la fin de mon cursus du professeur Towsend. Il m’apprit de nombreuses choses, kabbale, franc-maçonnerie, études marxistes…Le professeur mentor que nous rêvons tous d’avoir, son petit groupe se réunissait tous les vendredis, je m’en souviens très bien, nous discutions de politiques et de religion en même temps…C’est grâce à lui que j’ai rencontré Samuel Donovans, mon second mentor, chef de section à la CIA…C’était la bonne époque, les années 60, les luttes contre les fascistes, liberté pour le peuple…Mon passé m’amena à rentrer dans la CIA, section du contre terrorisme, plusieurs missions dans les pays « rouges », où mon idéal fut mis à rude épreuve, comme tous les jeunes de mon âge qui se sont confrontés au communisme…J’avais encore foi dans le Marxisme, mais plus dans l’Etat communiste qui était pour moi la quintessence de la Nation. Je fus envoyé lors de l’Opération Cyclone aidé les moudjahidin, je ne suis jamais rentré, tout du moins en vie. J’ai quitté la CIA, rejoint les rangs des soldats de Massoud, lutter contre les Russes, ces traîtres au marxisme, un vamp’ Us, qui luttait pour la liberté, m’a repéré et à fait de moi ce que je suis, un Mekhet, éternellement trentenaire…Après la guerre, j’ai vadrouillé dans le monde entier, avant de revenir au bercail, où mon Père était aussi revenu, les States…Mon père était mort peu après moi, ma mère remarié partie en Californie, plus de famille humaine dans les parages, porté disparu en mission pour l’Agence, plus de lien en dehors de la Famille… J’ai intégré les clans de New York, m’installant dans le « désert » de Harlem, ville noire dans la ville, où aucun vampire ne veut aller, sauf les plus tarés et violents… C’est un soir que j’ai trouvé Samantha, jeune étudiante qui venait travailler à l’ancienne bibliothèque de la City, agressée par un gang, je l’ai sauvé et en ait fait ma goule, j’ai su plus tard que c’était un cadeau de mon Père, elle faisait partie de sa famille de goule personnelle, son arrière petite-fille je crois. Le prince de New York, a laissé faire, il se moque de ce petit quartier paupérisé, seul les anarchs et la Cartiens viennent encore ici, moi je me suis taillé un joli petit refuge, sous la City.
Je trouve enfin le livre que je cherchais, un Necronomicon édition italienne, sauvée de Salem, soudain, je sens une présence derrière moi.
« Très joli livre, je reconnais tout de suite Isaac, Prince de New York et mon employeur à l’occasion, bien qu’il soit surement faux, ou du moins incomplet « 
« Je le sais très bien, cette édition a brulé il me semble »
« Salem, 1692, dommage que la sorcière ne s’en soit réchappée, elle aurait fait une bonne vampire », je me rappelle alors combien Isaac est vieux, je repose le livre et reviens au sujet.
« J’imagine que vous avez quelque chose à me demander, vous ne vous déplaceriez pas seulement pour un livre.
-Et pourquoi pas ? J’aime les livres, si cela vous intéresse je dois avoir une édition latine du Nécronomicon latin, 1228, reliure cuir caractéristique de l’école Allemande…Mais vous avez raison, ce n’est pas l’objet de ma visite. J’ai besoin d’un petit service que vous pourriez me rendre.
Nous y voilà,
-Et qu’est-ce que j’y gagne ?
-Ma reconnaissance, et bien sûr vous serez très bien payé, deux fois le salaire habituel…
-Tentant, mais si cela implique la prise de risque comme avec l’engeance, il me faudrait un peu plus
-Bien bien, que diriez vous de la baronnie sur Harlem ?
Oulah, il va loin pensai-je, m’offrir la baronnie, même sur une zone à risque est fort intéressant…Il doit vraiment avoir un gros souci…Il reprend
-Bien sûr, vous me prêterez un serment d’allégeance devant la cour, de même que vous assumerez tous les problèmes qui peuvent…survenir.
Je réfléchis quelques secondes, je me retrouve à ses ordres (comme si je ne l’étais pas déjà) avec mon territoire en bonne et due forme…
-J’accepte, qu’elle sera le travail ?
-Oh rien de bien difficile, trouver et me ramener une certaine personne, vivante.
Je note bien l’insistance sur le vivante, cela sent l’entourloupe, les terres contre une personne, mon vieux Andrew, je crois que tu n’aurais pas dû jouer au plus malin sur ce coup là.
-Juste…une personne ? Demandais-je
-Oui, Allistair vous fournira tous les renseignements sur cette mission, d’autres questions ? Je reconnais immédiatement sa voix d’aristocrate, qui n’attend pas de réponses.
-Non Prince
-Bien, je m’en vais alors, Allistair va vous contacter dans la nuit, je compte sur vous Ancel
Et aussi vite qu’il est arrivé, il a disparu. Moi je ne pensais qu’à une chose, dans quel guêpier venais-je de me fourrer ?

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