mercredi 9 novembre 2011

La femme en rouge, 2, réécriture AE Vaulx-en-Velin



 Texte écrit au Carré-de-Soie, en plein cœur de la biennale d'art de Lyon


Odeur âcre, puissante, des corps serrés dans un bus, promiscuité insoutenable. Tu hais le rapport obscène de ses corps entassés dans cet espace restreint, ces effluves nauséabonds…Tu te sens souillée par ces contacts au moindre cahot de la route.
Tu détestes ces effleurements lascifs, provoqués ou non. Tu détestes encore plus croiser les regards de ces hommes et de ces femmes, troupeau dans lequel se reflète la déliquescence du genre humain, de cette société corrompue dans son cœur. Oui, tu hais ces regards où tu lis tout ce qui fait un homme, tu ressens une pitié sans nom pour ces yeux vides et désolés, et une extrême colère te prend lorsque tu ressens l’haleine immonde de ces sourires graveleux et ironiques de ces jeunes hommes qui te s’appuient sur le bas de ton dos qui se prennent pour des loups, alors qu’ils ne sont que des chacals. Tu aimerais le gifler, le griffer, lui faire du mal ; te venger de ce système immonde où les hommes ne sont libres que par des mots, et non en actes. Trop tard, ils sont descendus à l’arrêt.
« Calme-toi, calme-toi » tu te répètes cette phrase comme un mantra, mais tu aimerais tant hurler ta haine et ta frustration…C’est bon, tu sors enfin de cette sordide prison, pour te retrouver dans l’air chaud, suffocant d’un soir d’été. Tu luttes pourtant contre le coup pesant de l’astre qui pèse sur les épaules de ces passants, pâles répliques d’hommes droits et fiers. Tu t’affranchis, tu traverses d’un pas sec et vif le petit square et ces allées taillées à la française ; sans t’arrêter, tu enchaines une, puis deux rues ; te voilà devant ton immeuble, tu gravis les marches quatre à quatre, tempête, évite les femmes et leurs discussions stériles ; sur le palier, tu enfonces la clé dans la porte, que tu claques immédiatement en entrant.
Tu te poses contre la froideur de la porte en acier, tu laisses glisser ton sac à main le long de ton corps, et tu expires longuement, avant d’inspirer une grande bouffée de l’air frais de l’appartement.
Tu regardes tes mails. Il ne viendra pas. Tu t’en fiches, depuis le temps que tu n’as pas revu ta meilleure amie. Tu regardes la montre, six heures moins le quart, tu décides de te faire couler un bain.
En attendant que l’eau ne remplisse la baignoire, tu ouvres une bouteille de Bordeaux, que tu laisses aérer un peu, avant de verser délicatement le liquide rubis dans le verre en cristal. Tu bois, et l’alcool te détend rapidement. Ton bain est prêt, tu peux sentir le doux mélange des herbes parfumées. Tu goûtes l’eau du bout des doigts, la température est parfaite, ni trop chaud, ni trop froide. Tu te déshabilles en te mirant dans la vaste glace de chez Targe. Striptease silencieux, pour toi seule. Tu déboutonnes un à un les boutons de ton chemisier blanc que tu enlèves sensuellement, avant de faire de même, plus lentement encore, avec ta jupe rouge. Tes sous-vêtements blancs, soutien-gorge et string en dentelles blanches rejoignent au sol tes habits. Tu te regardes de haut en bas, t’attardant sur tes seins lourds, les petites aréoles foncée sur ta peau si clair, et ton grain de beauté noir en haut du pubis…tu souries, tu es seule, tu t’amuses. Tu enlèves finalement les bas de soie blanche, les faisant glisser lentement le long de tes longues jambes blanches.
Tu passes une jambe, puis l’autre dans le liquide mousseux blanc, une fois que tu as fait entrer ton corps en entier, tu poses ta tête contre le rebord de la baignoire. Tu es seule, loin du monde, dans ton monde. Tu es bien.

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