Tu souris. Tu fais le pitre, le rigolo, le petit comique. Tu
joues les mufles, les enflures les enfoirés pour éviter de te dévoiler.
Tu fais
semblant, d’être fort, d’être grand, de tout savoir. Etalage de ta seule
ressource, la culture, dernier recours tarte à la crème pour éviter de rappeler
la vacuité de ton être.
Prendre un masque, s’en revêtir, se cacher derrière.
C’est
si aisé, comme écrire, saisir une plume, et tailler les veines d’une page
blanche d’une encre noire comme le sang.
Camé à la clope, drogué au café, speedé
par l’adrénaline d’une course sans fin vers nulle part, tu t’inventes des
choses à faire, à vivre, à créer, pour oublier. Quoi ? La peur, le vide, l’ennui.
Synonyme d’un même thème, la Mort.
Le bout du chemin, très peu pour toi, pas
maintenant, tu dis que tu saurais l’affronter. Mais en vrai, cela te terrifie non ? Sensation de l’échec. Fardeau du passé. Chaînes sacralisées dans lesquelles tu
t’es toi-même enfermé.
Prison d’une âme en peine.
Quand briseras-tu cette
fenêtre de verre et d’acier ?
Réfugié dans ta tour d’ivoire, tu te
crois malin, à tout savoir. Mais tu oublies que tu ne sais pas vivre. Rire est
ta dernière arme, ton cynisme bourgeois, tes allures de dandy, ton envie de
paraître tel que tu n’es pas. Enclos dans ton propre personnage, créé de toute
pièce pour affronter la scène du Monde, tu t’es oublié, quelque part sur le
chemin.
Et le petit garçon que tu as été, lui, triste, miroir d’un ancien
reflet, te regarde pour te rappeler.
Qu'un jour, tu as eu confiance en toi. Qu'un jour tu as aimé. Qu'un jour, tu as décidé de vivre. Sous
son regard.
Demain, il faudra…Non pas que tu l’oublies. Ce genre de regard ne se
perd jamais. Non. Il faudra accepter que ce ne soit plus le sien. Avoir assez
confiance, en toi, en elle, pour t’offrir à ce nouveau regard, à cette moitié que tu
attends depuis si longtemps. Infirmière qui saura réparer tes bobos d’adolescent.
Comédienne qui rira de tes vannes même les plus pourries. Celle que tu aimeras
parce que c’était elle, et parce que c’était toi.
Un jour.
Sortir de ta cage
dorée.
Réapprendre à sourire.
Solaire, lumineux, vrai, et non plus cette
grimace de clown triste, ténébreux et lunaire qui barre en ce moment tes
traits.
Mais surtout pas aujourd'hui.
Mais surtout pas aujourd'hui.
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