mercredi 9 décembre 2015

Le Clown

Tu souris. Tu fais le pitre, le rigolo, le petit comique. Tu joues les mufles, les enflures les enfoirés pour éviter de te dévoiler. 
Tu fais semblant, d’être fort, d’être grand, de tout savoir. Etalage de ta seule ressource, la culture, dernier recours tarte à la crème pour éviter de rappeler la vacuité de ton être. 
Prendre un masque, s’en revêtir, se cacher derrière. 
C’est si aisé, comme écrire, saisir une plume, et tailler les veines d’une page blanche d’une encre noire comme le sang. 
Camé à la clope, drogué au café, speedé par l’adrénaline d’une course sans fin vers nulle part, tu t’inventes des choses à faire, à vivre, à créer, pour oublier. Quoi ? La peur, le vide, l’ennui. Synonyme d’un même thème, la Mort.
 Le bout du chemin, très peu pour toi, pas maintenant, tu dis que tu saurais l’affronter. Mais en vrai, cela te terrifie non ? Sensation de l’échec. Fardeau du passé. Chaînes sacralisées dans lesquelles tu t’es toi-même enfermé. 
Prison d’une âme en peine. 
Quand briseras-tu cette fenêtre de verre et d’acier ? 
Réfugié dans ta tour d’ivoire, tu te crois malin, à tout savoir. Mais tu oublies que tu ne sais pas vivre. Rire est ta dernière arme, ton cynisme bourgeois, tes allures de dandy, ton envie de paraître tel que tu n’es pas. Enclos dans ton propre personnage, créé de toute pièce pour affronter la scène du Monde, tu t’es oublié, quelque part sur le chemin. 
Et le petit garçon que tu as été, lui, triste, miroir d’un ancien reflet, te regarde pour te rappeler. 
Qu'un jour, tu as eu confiance en toi. Qu'un jour tu as aimé. Qu'un jour, tu as décidé de vivre. Sous son regard.
 Demain, il faudra…Non pas que tu l’oublies. Ce genre de regard ne se perd jamais. Non. Il faudra accepter que ce ne soit plus le sien. Avoir assez confiance, en toi, en elle, pour t’offrir à ce nouveau regard, à cette moitié que tu attends depuis si longtemps. Infirmière qui saura réparer tes bobos d’adolescent. Comédienne qui rira de tes vannes même les plus pourries. Celle que tu aimeras parce que c’était elle, et parce que c’était toi.
 Un jour. 
Sortir de ta cage dorée. 
Réapprendre à sourire. 
Solaire, lumineux, vrai, et non plus cette grimace de clown triste, ténébreux et lunaire qui barre en ce moment tes traits.
Mais surtout pas aujourd'hui. 

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