Un panier de pomme, immense, remplis de promesses juteuses.
Corset d’osier qui contient l’ingrédient ultime qu’elle recherche. Du bout des
doigts, Khadija caresse le velouté de ses peaux à peines tavelées par l’hiver,
en quête de celle qui sera parfaite. Elle s’apprête à en tirer une, par son petit
pédoncule noir, téton érigé qui n’attend que la douceur d’une main pour s’extraire
de la masse de ses congénères. Mais Khadija passe à une autre, même caresse,
languide, qu’elle pourrait appliquer sur la peau moirée d’une amante. Jeu
simple d’une enfant de la haute qui ne se rend pas forcément compte de ce qu’elle
fait. Coquine racée qui s’amuse de tout et rien, et imagine déjà les cris de
frustrations de cette pauvre petite pomme laissée à deux doigts de la pamoison.
Khadija en extraie une autre du panier, corset d’acier
remplacé par la tendre mais ferme poigne de sa pogne. Elle tâta une dernière
fois son choix et, lestement, la soupesant comme un fruit gorgé de soleil et de
pluie, elle crocha ses ongles fermement dans la peau, griffure exquise de l’amante.
Elle pose ses baisers glacés, aussi froid qu’une lame, le long de cette peau
raffinée, couche de vêtements en trop pour ce qu’elle s’apprête à faire. D’un
seul mouvement, elle glisse sa main tout contre la parure sang et or de son
aimée, et arrache sans coup férir ces oripeaux qui ne servent pas à grand-chose.
Explosion des sens, sous sa main, le corps moite de sa pomme
exsude une douce sueur parfumée et sucrée ; Khadija s’en lécherait presque
les doigts si elle n’était pas si bien élevée, et se force à continuer sa tâche
reluisante. Humant l’odeur suave de celle qu’elle a choisi, elle la dépose au
creux d’un lit en bois, et l’écartèle sous la passion de ses baisers glacés.
Elle coupe, elle tranche, elle arrache sans coups férir la fleur de cette
petite pomme, en écarte les pépins d’une pichenette et la prend jusqu’au
trognon. Acmé du plaisir, l’ensorceleuse
Khadija fait éclater le désir de son amante de pomme en la plongeant dans un
mélange de cannelle et de sucre, sans oublier un seul quartier. Pas de pitié
dans ces moments de plaisirs, à peine la jouissance passée, Khadija dépose son
amante dans l’écrin pâteux de son amour, dernier acte d’une orgie de pommes
lessivées.
Ne reste plus qu’à enfourner. Et fêter la nouvelle année !
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