dimanche 31 janvier 2016

Drôle de rêve

Un rêve. Un stade de foot. Une partie de ballon. Jeux sans genres, vélos et autres cabrioles de l’enfance. Cette sensation de pouvoir y aller, jouer, faire des choses, de grandes choses, mais ne pas, ne plus oser les faire. Se contenter d’être spectateur inutile, de ne pas assumer ses envies, et avoir l’impression de rater sa vie.
Le rire des enfants, les joies innocentes, les plaisirs cueillis dans l’imprévu…Où les a-t-il abandonnés ? Quand les a-t-il laissés sur le bord de l’espace-temps ? Pourquoi les a-t-il oubliés pour se tailler son propre masque d’adulte abominable, grotesque, vantard ? Ridicule connard, faux professeur qui se lance dans des péroraisons absconses nées de livres et de vies qu’il n’a pas vécu, d’une vie qu’il ne vit pas, et d’une vie qu’il se refusera à vivre. Faux adultes calfeutré dans une tour d’ivoire blanchâtre de sentiments aseptisés et de discours construits , protégés par une murailles de préjugés, d’auteurs et de théories qui ne veulent rien dire parce qu'il les a seulement entraperçu dans des lectures hâtives de gloses existentialistes. Jeune homme blanc, cishétéro, bien dans la mouvance des études supérieures et de théories fumeuses qui se refuse à reconnaître ses parties racistes, sexistes et homophobes…Bon chic bon genre de gare, qui a oublié les lettres de noblesses de son enfance en chemin. Pour finalement en venir à se haïr, à s’exécrer, à se faire du mal, pour ses haineuses colères, ses actes inconsidérés et ses paroles à l’emporte-pièce qui tuent aussi surement que les stylos de Charlie Hebdo. Il se hait pour des actes qu'il refuse d’assumer, et se drape dans les lambeaux de fausse dignité dans le voile d’amères regrets et de plaintes ressassées. Le beau rôle n’existe pas, sauf pour ceux qui souffrent réellement. Mais ces derniers, exposent-ils leurs douleurs ? Lui, il ne se plaint que de choses futiles et inutiles. Mais ses vraies peines, qui les connait ? Il n'est même pas connaître de les connaître lui même, tellement il les a enfoui au fond de son moi. Moi…Moi…Moi. Débectance horrible de ce mot qu'il exècre et qui revient sans cesse dans ce qu'il lit, qu'il dit, qu'il écrit. Moi…Connais-toi toi-même…Se connaître…En a-t-il vraiment l’envie ?

Se regarder dans un miroir et accepter les boursouflures de ses vanités. Et, aussi, la part de beauté qui réside en chaque être. Même amoindrie par les années, étouffée par d’obscures querelles d’ego, elle existe, là, quelque part, sans fausses modesties ni faux orgueil de notre part. Dans les sourires des amis, le réconfort des parents, le simple plaisir de partager, rien qu’un instant, avec les êtres chéris. Dans les joies, dans les peines, les leurs, les miennes ;  dans ces instants où "je" vis, terrifié à l’idée de mal faire, ou de ne pas savoir quoi faire, mais ou moi "j’ai" essayé de faire. Faire. Agir. Etre. Sans se cacher derrière des excuses, derrière l’autre, derrière des choses fausses. Mise à nue. Assumer ses sentiments. Accepter le don de vie. Et rebondir, toujours, avec le temps. 
Aimer.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire