Deux centième message. Combien de pages ? La même
quantité, le double, ou le triple…Je ne saurais le dire. Ni même les compter,
ces assemblages de 1 et de 0 biens alignés sur leurs lignes de papier numérique.
Une marge de progression ? Ce n’est pas à moi de juger, même si j’en sais
deux trois petites choses, ou plutôt j’ai l’impression de les connaître. Deux
centième message. Le temps de faire un point ? Ou de mettre un point,
final. Combien de mots effacés, déphasés, supprimés, de pages avortées et
annulées d’un simple clic sur une petite fenêtre en croix ? Ecriture de l’instantanée,
et puis, de dépit, quand je perds le mot juste, la quinte juste, la musique, j’écrase.
Backspace d’errements d’une pensée. Contrairement à la réalité. Et ces mille et
un regrets que j’aimerais effacer, de ma mémoire, de mes souvenirs, de mes
sentiments. Joies, peines, échecs, des mots qui fuient, et parfois s’alignent
comme des astres, un instant. Le temps d’écrire un article, et puis s’en vont.
Ecrire, pour soigner ses maux. De tête, de cœur, d’âme. Qu’importe. Ecrire,
pour vivre. Se mettre en papier, se raconter, en travestissant, toujours, la
réalité. Oublier l’absence. Impression de vide. Facilité à mettre des mots,
imposture de la posture. Ecrits vains.
Deux centième message. Un nouvel amour. Ephémère, comme tous
les autres. Un autre mensonge ? Pour se donner l’envie de croire, et faire
un pas, de plus, avec ce fardeau de plus en plus lourd. Faire le point, trouver
une boussole, quand on ne sait plus où on en est. Retrouver un pôle, un repère.
En dehors d’une chambre d’ivoire bien fermée sur le monde extérieur. Des noms
en tête. Keizy, Layla, la fille aux yeux violines. Et les autres.
Apprentissage, dans la douleur, de ce qu’est être humain. Pourtant, j’ai
toujours cette sensation de les aimer. Malgré la fin. Ou à cause d’elle.
Deux-centième message. Rêve éveillé. Croire en la magie de l’instant.
Aux petits signes du destin…Ouvrir la porte à la chance. Ou pas. Un passage
piéton qui passe au vert, un corbeau qui croasse, le croisement aléatoire de
deux chansons sur une playlist qui n’a rien à voir. Croire en la magie. Aux
horoscopes. A toutes ces conneries qu’on se raconte. Pour ne pas être seul.
Pour avoir quelque chose sur qui compter. Se reposer. Et s’effacer, dans nos
échecs, nos peines, nos joies. Facile de se raccrocher à une branche, quand
celle-ci n’est que de papier. Plus difficile, de dégringoler, sans savoir si en
dessous il y a quelqu’un. Pour nous rattraper.
Deux centième message, encore une bouteille lancée à la Mer.
Futilité. Crédulité. Ou espoir d’un lendemain enchanté.
Deux centième post. Et demain ?
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