Corwynn Ap Dhaeol
Electron libre-fataliste-fragile-amoureux transi-détestable-arrogant-rhéteur-rapsode-magicien-
colérique-cynique-désabusé-rusé
Surnom : Tristelune, Ouragan, le baladin de l’Orage
Race : lucifuge
Caractère :
Corwyn est un elfe brisé. Torturé par la mort de celle qu’il aimait, il s’est détourné de la voie
vertueuse de Yehadiel, lui l’ancien druide de Drayame. Devenu un être cynique, blasé et
fataliste, il suit un chemin sombre, son épée à la main, tuant pour survivre dans un monde
plongé dans la guerre. S’il peut faire appel à la bonté quand cela l’enchante, il n’hésitera
jamais à tuer si c’est dans son intérêt, et il ne proscrit ni l’usage de la torture ni des drogues
psychiques pour aboutir à ses fins au nom de la déesse.
Son arrogance et sa colère peuvent marquer son visage, surtout quand il est possédé par son
épée démoniaque. Quand il ne se contrôle plus, c’est un véritable ouragan qui se déchaine,
réduisant tout ce qui passe à sa portée à l’état de fétu de paille.
Corwynn ap Dhaeol ne connait plus le rire, ne chantant que des ballades tristes quand il
daigne exercer son art. Et généralement ce fait est le signe qu’il y aura une mort prochaine et
violente.
D’aucuns disent que le lucifuge est prisonnier de Nayris, et que son corps a été investi par une
âme démoniaque. Cela est à moitié faux, car le démon se trouve certes dans son esprit, mais
surtout dans la lame de GlaceSang.
Certaines personnes qui ont survécu à la rencontre avec Tristelune disent qu’il serait
suicidaire. Mais son épée et sa magie l’ont sauvé de trop nombreuses fois…Comme si les
Dieux se régalaient du Destin maudit de ce Champion, anciennement lumineux et dévoué
désormais aux ténèbres les plus sombres qu’un lucifuge n’ait jamais atteint.
Physique :
Grand et mince, Corwynn ap Dhaeol est marqué par un physique avantageux mais bien trop
animal. En effet, les putains qui ont pu passer leurs doigts déliés dans sa chevelure corbeau se
sont vites rendus compte que c’était de la fourrure en lieu et place des fins cheveux des elfes.
Son visage pourrait être avenant, mais il est toujours grave et fermé, sauf quand ses yeux
pleins d’une maléfique malice se teintent d’une couleur violine. Son rictus se fait féroce ou
méchamment cynique, dévoilant des canines qui ressembleraient presque à des crocs.
Il pourrait paraître fluet, voire malingre, si ce n’était les flammes qi couvaient dans tous ses
mouvements explosifs. Comme tous ceux de sa race, il se déplace littéralement comme un
danseur ou un fauve des steppes de Feu.
Généralement, il porte une armure en cuir, le plus souvent recouverte d’un poncho de cuir qui
protège son corps malingre et affaibli des intempéries.
Sur son dos, en plus d’un havresac, une harpe est protégée par une housse de cuir. Qui
l’entend chanter peut-être charmé par le baryton grave du rapsode.
Pour compléter sa mise, en homme des bois et des voyages, Corwynn porte une dague à
son côté, ainsi qu’un petit couteau dans sa botte. Pas d’arme cachée, car son espadon qu’il
manie avec habileté des deux mains ne laisse guère de doute sur une partie de ses pratiques de
mercenaires. Et sa faculté à dégainer sa lame en un clin d’œil et à en faire usage plus que de
raison est connue de bon nombre de gens qui dévorent maintenant les pissenlits par la racine.
Histoire :
Le Castel Assadin était trempé par l’orage. La route boueuse qui y menait était détrempé, et
on n’y voyait goutte si ce n’était les torchères des gardes en haut de la palissade de bois et les
éclairs qui faisaient vrombir l’air dans le roulement du tonnerre de temps à autres.
Le voyageur emmitouflé dans sa cape avait passé les portes, clamant son statut de rapsode.
La lourde porte de bois n’avait pas été levée pour lui, mais le sergent l’avait fait entrer par la
petite poterne avant de la conduire à l’intendant du castel. Ce dernier avait laissé l’homme se
réchauffer, dégoulinant de tous les bords de sa cape détrempée qui désormais fumait tandis
que ses longs doigts graciles se réchauffaient à un brasero. A côté, on entendait le tumulte des
guerriers conviés dans un fastueux banquet que le capitaine Assadin, chef de ce petit territoire
à la frontière de Terre et de Foam, région maudit s’il en est une, tenait chaque soir pour soûler
ses hommes et oublier ses peines.
L’intendant revint, tandis que la soirée battait son plein. Il convia le rapsode à venir chanter.
Toujours emmitouflé dans sa cape, son capuchon relevé, il sortit une lourde harpe avant de
s’asseoir sur un tabouret vermoulu au milieu de la pièce qui sentait la paille fraiche et l’ajonc.
La quinzaine d’officiers et sous-officiers buvaient trop, riaient et chantaient, mais ce n’était
que façade, minés par le spleen et les maladies des marais, sans compter cette pluie qui
tambourinait depuis des jours et des jours, agressant les nerfs les plus solides.
Le rapsode chanta longuement, une heure peut-être, des ballades de contrées riantes,
émouvant les hommes de guerre aux larmes tellement il était doué. Il chantait les jolies filles,
leurs corps graciles assoupis dans les prairies, et les délices de leurs virginités emportées par
des jeunes gars bien bâtis. Oui, il était doué, trop doué même.
Le maître des lieux toisait l’aède, avant de lui demander, d’une voix pâteuse, une chanson.
Mais une chanson que personne ne connaitrait ici. S’il en inventait une, il gagnerait de l’or.
L’homme sourit sous sa cape.
« Je vais vous conter une histoire terrible…Une histoire lugubre qui convient parfaitement
aux temps de dehors. Une histoire que les elfes de Drayame n’osent pas chanter, de peur
d’attirer le mauvais sort…Je vais vous chanter la complainte de Corwynn Ap Dhaeol, l’elfe
trahi par Yehadiel… »
Alors il conta, son baryton grave rappela ce temps avant que les Démons de Zelphos
n’arrivent, un temps de calme et de paix. Il rappela que jadis les elfes étaient grands et
puissants, vivant avec sagesse dans l’harmonie de la Nature créée par Yehadiel. Il chantait
l’histoire d’un jeune homme épris d’un amour puissant pour Aeris CoeurSoleil, la cadette
de la reine des elfes. Ce jeune homme était un baladin, un barde elfe qui courrait les
chemins, voguant de ci de là dans un éternel périple. Oui, celui qu’alors on appelait Corwynn
Ap Dhaeol, le magicien des vents, le barde destiné aux plus hauts pouvoirs, celui qu’on
surnommait Lune d’Argent était heureux. Il était l’amant d’une femme qui l’aimait en retour.
Cette histoire avait tout pour être un conte de fée, las, la perfidie des dieux est sans égal.
Et CoeurSoleil marcha un jour là où elle n’aurait pas dû. Un serpent, avatar de la déesse de
Nayris, mordit sa cheville blanche et gracile, et elle tomba immédiatement dans un coma
profond qui garantissait sa vie, mais nulle magie ne pouvait la sauver. Son fiancé, Corwynn
Ap Dhaeol, couvrit mille lieux pour la retrouver, trempé de sueur et de poussière. Il ne pouvait
rien faire, malgré ses chants de guérison, sauf assurer le repos de son aimée, le temps de
trouver un stratagème. Le chevalier barde partit sur les routes, à la recherche du père des
Dieux, Yehadiel, son protecteur. Il marcha longtemps, appelant partout celui qui pouvait
sauver son aimée. Oui, sa quête dura dix années, mais malgré l’aide de ses amis les Vents,
jamais il ne trouva celui qu’il cherchait. Yehadiel était devenu sourd aux appels de son plus
fidèle serviteur.
Revenu dans la clairière où sa Dame reposait, Corwynn pleura longuement. La nature se mit
en berne pour lui, les arbres flétrirent et les oiseaux se turent, le murmure de la rivière et le
chant de ses frères les Vents essayèrent de calmer le jeune elfe. Mais rien n’y faisait, pas
même la beauté des autres elfes. Emmuré dans son chagrin, il pleurait jusqu’à ce qu’il n’ait
plus une seule goutte de sel et d’eau dans son corps.
Celui qu’on appelait Lune D’Argent devint Tristelune, et son chant fendait l’air de
Drayame…
Au comble du désespoir, rongé par la chagrin et fou de haine, Corwynn voulu mettre fin
à ses jours. Il s’avança dans l’onde glacé du bassin de Nehelia. Alors qu’il allait plonger
définitivement dans l’oubli, le jeune elfe entendit siffler dans l’air un chant. Cette ballade
contait l’histoire d’un petit garçon, Corbeau, trahi par son Dieu. Yehadiel n’était rien, et
Corbeau pouvait encore espérer sauver celle qu’il aimait. Mais pour cela il fallait s’engager
dans une quête ardue, ou mille souffrances l’attendaient. Renier Yehadiel, parcourir le
monde et réunir des artefacts de pouvoir. Flirter avec les Limbes, pour libérer l’âme d’Aeris
CoeurSoleil. Nul doute que ce chant était celui d’une succube de Nayris, et que la corruption
avait déjà semé ses graines dans l’âme meurtri du magicien. Etait-il au courant que son sort
était déjà joué ? Personne ne la jamais vraiment su. Il n’avait rien à perdre, alors, suivant ce
chant, Corwynn partit en quête de son Destin.
Trois fois dix années passèrent pour qu’il puisse saisir le Calice de Sayadine, la coupe du
poison éternel, le talisman de Korath, un rubis qui ferait revenir à la vie selon la légende ceux
qui vivaient dans les Limbes, et surtout GlaceSang, l’épée runique qui protégerait celui qui
oserait défier Nayris. Des artefacts de pouvoirs ténébreux créés de la main même de la Déesse
de la Mort.
Par une nuit sans lune, au cœur de la Citadelle des Pleurs, Corwynn revint pour lancer les
enchantements qui libéreraient l’âme de son amour. Cela pris du temps, mais il ne craignait
pas ce qui hantait les lieux. Il n’avait plus rien à perdre, si ce n’était son âme et sa vie. L’elfe
but à la coupe de Sayadine, plongeant dans le rêve qu’était les Limbes. Nul ne sait ce qu’il y
vit. Il marcha longuement, Epée et Rubis en main. Il affronta les démons des Limbes, à la
recherche de l’âme pure de son amante. Il la trouva, enchainée à une forteresse décrépie. Face
à lui, un démon qui se présenta sous le nom de Tzali’tch. Corwynn compris qu’il avait été
dupé, que son âme était voué à rejoindre celle de son amour pour les jeux pervers du Démon
des Glaces. Fou de rage, il se battit, GlaceSang en main. Des jours durant, le diable et celui
qui était déjà devenu un lucifuge, ceux qui fuient la lumière, s’affrontèrent. Leurs lames
crissaient en faisant voler des éclairs, leur magie s’affrontaient l’une l’autre, chant de guerre
et élémentaire de vents contre pouvoirs démoniaques. La bataille fit rage, et le démon amena
près de CoeurSoleil son amant. Dans le feu du combat, une riposte trancha l’âme de celle qui
dormait encore. Trahi par sa lame et sa folie, il trancha le démon en deux. Mais il était vaincu.
Il n’était qu’un mortel, et son armure brisée de toute part finit par le trahir, tandis que son
sang noir se répandait dans les brumes des Limbes. Il allait mourir, ici et maintenant. Mais le
Destin joue bien des tours, et Nayris en personne se déplaça pour voir les champions
s’affronter. Arrêtant les griffes de son séide qui allaient saisir l’âme gangrenée du héros
déchu, elle s’approcha et trouva que le combat n’avait pas été loyal. Elle discuta longuement
avec le mourant. Elle ne lui promit pas l’âme de CoeurSoleil. Elle ne pouvait rien faire que la
sertir dans le rubis de Korath, car son corps avait disparu quand elle avait été tuée dans les
Limbes. Mais elle lui promit en échange la vie. Une vie où le jeune chevalier porterait les
armes de la déesse de la Mort, une vie où il aurait un démon à son service, pour se venger de
qui était réellement responsable de la mort de CoeurSoleil : Yehadiel. Déçu et trahi, le
lucifuge accepta alors les sombres pouvoirs de la déesse. Cette dernière partir d’un rire
dément, tandis qu’elle renvoyait l’âme de l’elfe sur Terra. Pour punir son démon qui lui avait
cependant offert une âme de qualité, elle l’enferma dans GlaceSang, le conjurant de protéger
ce petit pion qu’elle imaginait dans une Destinée plus grande. Oui…Elle avait un nouveau
paladin à son service…
« Il ne tua pas Yehadiel…Mais depuis Corwynn chemine sur les chemins, louant son âme
ténébreuse à qui la voudrait bien. Comme le baron Sylando»
Le chant se tut. Les hommes regardaient le rapsode haletant. Sa cape était tombée, et il
ruisselait de sueur, cherchant à reprendre son souffle. Ses cheveux noirs étaient de la fourrure,
ses crocs scintillaient dans un sourire. Ils venaient de comprendre. Corwynn…C’était lui.
Et quelqu’un avait payé pour que…Assadin hurla, mais il se sentait las, si las. La magie
embaumait l’air. Le rapsode se releva, il siffla, et son épée scintilla dans sa main, venue de
nulle part. Alors il hulula et entama un chant de mort en bondissant comme un chat vers sa
cible…
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