Olaf Sternisson regardait son fils tatoué se battre torse nu. Trois fois trois hivers s’étaient passés depuis ce raid chez les Cymri. L’enfant n’avait pas parlé durant le voyage. Olaf et la Volvä s’étaient occupés de lui, lui donnant à manger et à boire. Un soir, alors que le bateau avait été tiré sur une grève, il vit l’enfant frissonner. Olaf le mit sous sa cape et l’enfant ne bougea plus. Sa femme Hilda avait été ravie de voir un garçon dans sa maison, elle qui n’avait pu donner à son mari que des filles mortes en bas-âge. Erik avait rapidement intégré les mots de Valinor ainsi que le clan.
Il était actuellement en train de se battre à l’épée contre un autre garçon de son âge, son ami Wulf Aergisson. Erik était petit et rapide, sombre comme ses cheveux ailes de corbeaux, s battant avec deux épées. Wulf était fort et massif, portant des cheveux et une barbe déjà fournie rousse, un futur Berserker comme son sang le voulait. Olaf aimait son neveu, mais il savait déjà qui allait gagner. Erik dit quelque chose qu’Olaf n’entendit pas. Wulf rougit et se jeta à coup redoublé, jusqu’à ce qu’il glisse dans une flaque et se trouve à la merci d’Erik. Ce dernier rit et tendit la main à son ami. Les jeunes filles qui les regardaient de loin pouffèrent, ce qui fit rire aux éclats Eric et couvrit les jours de Wulf d’une certaine rougeur, indigne d’un guerrier
Olaf souriait, fier des talent stratégiques de son fils, Wulf était un excellent combattant, mais bien trop porté sur la force brute…
« Ton fils est devenu fort Olaf, tu l’as bien formé»
La Volvä était apparue comme par magie
« Bonjour ma dame. Oui il est fort, comme tous les jeunes guerriers du clan. »
« Ne l’abaisse pas, je les vois se battre, et je sais qu’il est parmi les meilleurs en dehors du fils du roi ton frère…Mais ce n’est pas de la qualité des enfants que je veux te parler. »
Olaf scruta la Volvä, qu’avait-elle donc de si particulier à lui dire qu’elle se déplacait par elle-même de la Maison des Runes.
« Ton frère vieillit, la dernière bataille l’a fatigué, son poumon est faible et son corps fatigué par les batailles…J’ai déjà parlé avec lui, et il sait parfaitement qu’il risque de ne pas passer l’hiver »
Olaf blêmit, son frère, si fort et si grand. Certes il avait vu son roi vieillir comme lui, mais de là à en faire u moribond…
« Ne dit pas ça femme…C’est de la trahison envers le roi des Sept Vallées »
« Trahison, honneur…Si tous les hommes étaient comme toi Olaf, je n’aurais pas grand-chose à faire…Les charognards se lèvent dans les collines. Ils sentent le sang et la faiblesse de l’ours et de ses petits…Demain, ton fils partira à la Montagne Blanche avec la fille du Roi…Il sera consacré hirdmen en même temps qu’elle deviendra une Volvä…Tu devras guider les enfants jusqu’aux pieds de la montagne, et là le destin se scellera»
La Volvä se détourna. Olaf regarda la vieille femme partir sur ses paroles mystérieuses
La fête battait son plein. Tous les jeunes guerriers et les jeunes guerrières du clan venait de passer à leur âge adulte après une après midi avec les sorciers. Wulf étai ivre mais continuait vaillamment à se battre avec les fûts. Erik le regardait, hébété par l’alcool. Il se leva cependant de la table afin d’aller prendre l’air. Cette nuit de fin d’automne était belle. Il avait appris très vite à aimer les froids et les glaces du Nord, tout comme la chaleur des foyers. C’était un pays plus rude que la terre des Kelts, mais il s’était enfin senti à sa place.
« Tu rêves mon ami ? » La vois douce et féminine sortir le jeune homme de sa torpeur. Surpris, Erik se retourna et regarda la nouvelle venue, une grande fille aux cheveux roux bouclé, et des magnifiques yeux verts qui avaient toujours fait rêver Erik, Sonja, la fille du roi, qui devait les accompagner son père et lui en remontant vers leur ferme de Slepnir. Elle était une de ses amies les plus proches avec Wulf, mais son statut de Volvä et son départ vers la Montagne Blanche, sans compter qu’elle était fiancée à un des roquets du fils du roi lui rappelait son statu de garde du corps.
« Heu…Oui, je vous prie de m’excuser ma dame, l’alcool et les feux m’ont quelques peu embrumé l’esprit »
« Je vois ça, si tu commences d’appeler une amie comme une vieille femme…Et puis l’alcool n’est pas bon pour un garde du corps, mon père le roi serait très peiné d’apprendre cela »
Erik rougit, il savait qu’il était en tort. Soudain elle éclata de rire
« Si tu savais ce que tu es drôle Erik. Voyons, crois tu que je trahirais un ami ? » Elle le fixait intensément
« Heu…Non, bien sûre ma..heu…Sonja »
La jeune fille éclata à nouveau de rire.
« C’est une belle nuit, la neige va bientôt arriver, et le temps des batailles va enfin cesser…Nos hommes vont se consacrer aux travaux, et le sang arrêtera de couler »
«Nous sommes des guerriers, et les razzias payent les bijoux qui vous plaisent tant ma dame » Cette fois ci, ce fut Sonja qui rougit. « D’ailleurs, il me semble qu’Orendo est revenu avec de nouvelles parures forts jolies qui vous irez forts bien, mais si vous vous moquez de moi je crois que je dirai au roi qu’il est fort dangereux de s’approcher de ces marchands étrangers…»
Le goût de la fille du roi et de ses amies, toutes Volvä où guerrières qu’elles soient, étaient fort connus dans les Sept Vallées.
« Tu es beau parleur ce soir mon ami…Et je te demande ton pardon, il me faut un garde du corps pour affronter les étrangers sans honte…Nous y allons demain ? »
« Tu n’iras nulle part » La vois dur les fit sursauter. Angus, le fils du roi des collines de Slipnir et fiancé de Sonja se tenait là, avec son ami le fils du grand roi des Sept Vallées, Cynewulf.
Ce dernier prit la parole : « Ma sœur, rentre maintenant avant que la honte ne retombe sur toi, et laisse nous nous occuper de cet hirdmen trop bavard.
« Cousins, cela sera un plaisir que de vous donner une leçon » rétorqua Erik.
« Tu n’es pas mon cousin peinturluré. »
« Ne vous battez pas, je n’irais nulle part, partez vous deux » Sonja s’était mise en travers, connaissant fort bien les dégâts qu’une bagarre entre eux pouvait faire.
Cynewulf s’approcha des deux jeunes gens, il sentait fortement l’alcool. Il fixait avec violence Erik. « Ecarte toi femme, je ne le répéterai pas »
« Non »
Cynewulf agit soudainement, en essayant de gifler la jeune femme. Mais Erik fut plus rapide, lui attrapant le poignet, il le tordit lentement qui craqua.
« Essaye seulement de la frapper chien, et je te jure par tout les dieux de Midgard que ce sera ton crâne que je briserai…Allez vous en maintenant» Il repoussa brusquement Cynewulf vers Angus.
Ce dernier fixa le jeune homme.
« Partons »
Cynewulf se releva. Mais au lieu d’obéir, il dégaina un couteau long et allait se jeter sur Erik quand une main l’empoigna par le col.
« Par les couilles d’Odin. Je ne peux pas dormir cinq minutes que tu t’attires des ennuis avec ses chiens galeux du clan Slipnir…Ca doit être ton sang Kelt…Bon tu remarqueras que ça me donne une occasion de le fracasser. Surtout qu’il a osé toucher à ma cousine » Wulf disait cela tout en maintenant fermement Cynewulf. Il but à grandes goulées sa chope de bière et se tourna vers Angus.
« Mon cher cousin, prend la loque qui te sert d’ami, et allez vous-en. Je ne voudrais pas me brouiller avec toi. »
« Mais bien sur cousin » dit Angus en grinçant des dents. « Allons Cynewulf, laissons les à leur jeux, demain nous devons aller chasser les sangliers, il nous faudra être d’attaque »
Les deux hommes partirent, laissant les trois jeunes gens rire dans les ténèbres de la nuit.
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