Le métro au petit matin. Son odeur rance, son goût rance,
son toucher rance. Tout est aigre, comme une sueur alcoolisée qui colle à la
peau après une soirée trop imbibée. Toujours le même spectacle de l’humanité.
Affligeant. Corps à corps moite, gâté, sordide. Amour sans plaisir. Etincelle
de mort, aux fonds des yeux glauques encore assoupis, pas de vie. Seulement des
mires chassieuses de bovins trainés à l’abbatoir. Seigneur, offre nous notre
holocauste quotidien, notre pain à burger de ce jour, notre sacrifice au Dieu
argent. Ne pardonne pas la souffrance que nous infligeons ni celle que nous
souffrons dans notre propre excès de faiblesses.
Amen Mammon.
Danse macabre de mouches agglutinés en vol noir corbeaux de
la couleur de leurs vestons cravates costard, noirs, ils pourraient fusionner
leur noirceur contre la vitre maculée de leurs graisses qu’ils le feraient,
sans hésiter.
Leur course, sans fin. Contre le temps. Contre les autres. Contre
eux-mêmes. Parfois, deux atomes se rencontrent. Explosions de papiers envolés.
Cris atomiques d’orfraies insultées. Big Bang d’un coup de foudre. Insultes. A
peines murmurées, ou ravalées, ou crachées. Et aussitôt la presse qui reprend à
toute vitesse. Absence d’amour. Pas de passion. Personne ne regarde personne.
Et après, il faut oser s’aimer soi-même, plutôt qu’aller souffrir d’une
aventure.
Enfermement du narcynisme. Autant se planquer derrière la
senteur rance d’un nénufar illusoire, plutôt qu’ouvrir ne serait-ce qu’un œil au
cœur de l’anus de Satan. Et découvrir la condition humaine…
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