lundi 8 février 2016

Enfer du métro

Le métro au petit matin. Son odeur rance, son goût rance, son toucher rance. Tout est aigre, comme une sueur alcoolisée qui colle à la peau après une soirée trop imbibée. Toujours le même spectacle de l’humanité. Affligeant. Corps à corps moite, gâté, sordide. Amour sans plaisir. Etincelle de mort, aux fonds des yeux glauques encore assoupis, pas de vie. Seulement des mires chassieuses de bovins trainés à l’abbatoir. Seigneur, offre nous notre holocauste quotidien, notre pain à burger de ce jour, notre sacrifice au Dieu argent. Ne pardonne pas la souffrance que nous infligeons ni celle que nous souffrons dans notre propre excès de faiblesses. 

Amen Mammon.

Danse macabre de mouches agglutinés en vol noir corbeaux de la couleur de leurs vestons cravates costard, noirs, ils pourraient fusionner leur noirceur contre la vitre maculée de leurs graisses qu’ils le feraient, sans hésiter.

Leur course, sans fin. Contre le temps. Contre les autres. Contre eux-mêmes. Parfois, deux atomes se rencontrent. Explosions de papiers envolés. Cris atomiques d’orfraies insultées. Big Bang d’un coup de foudre. Insultes. A peines murmurées, ou ravalées, ou crachées. Et aussitôt la presse qui reprend à toute vitesse. Absence d’amour. Pas de passion. Personne ne regarde personne. Et après, il faut oser s’aimer soi-même, plutôt qu’aller souffrir d’une aventure.


Enfermement du narcynisme. Autant se planquer derrière la senteur rance d’un nénufar illusoire, plutôt qu’ouvrir ne serait-ce qu’un œil au cœur de l’anus de Satan. Et découvrir la condition humaine…

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