Un rêve. Un stade de foot. Une partie de ballon. Jeux sans
genres, vélos et autres cabrioles de l’enfance. Cette sensation de pouvoir y
aller, jouer, faire des choses, de grandes choses, mais ne pas, ne plus oser
les faire. Se contenter d’être spectateur inutile, de ne pas assumer ses
envies, et avoir l’impression de rater sa vie.
Le rire des enfants, les joies innocentes, les plaisirs
cueillis dans l’imprévu…Où les a-t-il abandonnés ? Quand les a-t-il laissés
sur le bord de l’espace-temps ? Pourquoi les a-t-il oubliés pour se tailler
son propre masque d’adulte abominable, grotesque, vantard ? Ridicule
connard, faux professeur qui se lance dans des péroraisons absconses nées de
livres et de vies qu’il n’a pas vécu, d’une vie qu’il ne vit pas, et d’une vie
qu’il se refusera à vivre. Faux adultes calfeutré dans une tour d’ivoire
blanchâtre de sentiments aseptisés et de discours construits , protégés par une
murailles de préjugés, d’auteurs et de théories qui ne veulent rien dire parce
qu'il les a seulement entraperçu dans des lectures hâtives de gloses
existentialistes. Jeune homme blanc, cishétéro, bien dans la mouvance des
études supérieures et de théories fumeuses qui se refuse à reconnaître ses
parties racistes, sexistes et homophobes…Bon chic bon genre de gare, qui a
oublié les lettres de noblesses de son enfance en chemin. Pour finalement en
venir à se haïr, à s’exécrer, à se faire du mal, pour ses haineuses colères,
ses actes inconsidérés et ses paroles à l’emporte-pièce qui tuent aussi
surement que les stylos de Charlie Hebdo. Il se hait pour des actes qu'il refuse d’assumer, et se drape dans les lambeaux de fausse dignité dans le voile
d’amères regrets et de plaintes ressassées. Le beau rôle n’existe pas, sauf
pour ceux qui souffrent réellement. Mais ces derniers, exposent-ils leurs
douleurs ? Lui, il ne se plaint que de choses futiles et inutiles. Mais
ses vraies peines, qui les connait ? Il n'est même pas connaître de les connaître lui même, tellement il les a enfoui au fond de son moi. Moi…Moi…Moi.
Débectance horrible de ce mot qu'il exècre et qui revient sans cesse dans ce qu'il lit, qu'il dit, qu'il écrit. Moi…Connais-toi toi-même…Se connaître…En a-t-il vraiment l’envie ?
Se regarder dans un miroir et accepter les boursouflures de
ses vanités. Et, aussi, la part de beauté qui réside en chaque être. Même
amoindrie par les années, étouffée par d’obscures querelles d’ego, elle existe,
là, quelque part, sans fausses modesties ni faux orgueil de notre part. Dans
les sourires des amis, le réconfort des parents, le simple plaisir de partager,
rien qu’un instant, avec les êtres chéris. Dans les joies, dans les peines, les
leurs, les miennes ; dans ces
instants où "je" vis, terrifié à l’idée de mal faire, ou de ne pas savoir quoi
faire, mais ou moi "j’ai" essayé de faire. Faire. Agir. Etre. Sans se cacher
derrière des excuses, derrière l’autre, derrière des choses fausses. Mise à
nue. Assumer ses sentiments. Accepter le don de vie. Et rebondir, toujours,
avec le temps.
Aimer.