Un éclat de rire gracieux dans le couloir suivi de rodomontades
crasses d’un imbécile sans-gêne me tire
des bras de Morphée. Plus de sommeils ni de songes pour le pince sans rire
épuisé qui vit à leurs côtés comme un fantôme sans humour. Qu’importe qu’il
dormait, et n’arrivera plus à le faire avant l’aube pâle, tant qu’on peut faire
encore rire la demoiselle ?
Qu’est-ce que j’aimerais être assez fort, courageux et
couillu pour m’extraire de mes draps, bondir hors de la porte et casse la
figure de cet enfant de putain qui maintenant se permet de mettre sa musique de
merde à tout berzingue dans le couloir.
Bien évidemment, je n’ose pas. De peur de paraître ridicule.
Comme d’habitude.
Mais maintenant, je sais que je ne vais plus dormir de la
nuit. Pour prix de mon insomnie, je tâche de larmes encre amère des pages
blanches, plutôt que de libérer le flot salés, poussières de fatigues
accumulées bien entendu, le long de mes joues.
Pleurer, c’est pour les faibles.
Amertume.
Dans ma trachée, ma plume, mon âme.
Si j’en ai une.
Mes pensées volent entre les lignes. Sur ce que je dois
faire. Sur ce que je n’ai pas fait. Sur ce que je j’ai envie de faire, mais ne
ferai jamais.
Constat d’échec. Amertume.
J’aimerais écrire que je m’en fous. Comme d’habitude. Mais l’ennui,
c’est que je n’en ai pas, voire que je n’ai jamais eu, rien à foutre de tout
cela.
Je n’en ai pas rien à foutre de cette amertume qui me ronge.
Je n’en ai pas rien à foutre de ces envies de tout qui se
transforment en envie de rien. Par peur d’affronter l’inconnu.
Par peur de faire la guerre à soi-même.
Je n’en ai pas rien à foutre de ce je m’en foutisme à l’égard
de l’avis des autres, car sans leurs regards, je ne pourrais jamais puiser la
force, l’énergie, et l’envie de faire un pas de plus.
Etre moi-même.
Ce soir, dans la sordide tristesse de ma chambre, j’ai envie
de tout, et envie de rien.
Constant d’échec. Amertume. Immense gâchis d’une vie à peine
éclose qui n’a pas de fil.
Qui a perdu le fil.
Par peur d’avancer dans l’inconnu de l’équilibre inconstant
d’une vie sans filet de survie.
Je n’ai plus qu’à ravaler mes larmes amères, dire que ça ira
mieux demain, même si je sais déjà que c’est un mensonge. Si je dois pleurer,
comme les faibles, ce sera dans les creux de la nuit noire, quand personne ne
sera plus là pour lire cette détresse qui me hante.
Haine, haine, haine.
Contre les autres, ou soi-même ?
Amour, amour, amour.
Des autres, de ma famille, d’elle. Si je pouvais le dire,
tout simplement.
Amère lâcheté, d’une envie de tout, et d’un plaisir de tout
gâcher.
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