jeudi 5 mars 2015

Palingénésie.

Trop en dire ou ne pas dire assez. Comment savoir ?
Une moue sur son visage. Un rire acerbe, dur et cruel. Pas de sourire si ce n’est des crocs délicats, prêts à arracher la gorge tendue.
Une réplique cruelle fleure sur ses lèvres. Moquerie qui étreint le cœur dans une gangue glaciale. La pique faire sourire, mais au-dedans, tout souffre. Le froid mordant et cruel brûle le cœur de l’impétrant en amour, tandis que la chape de glace fait son effet.
Se morigéner. Pourquoi avoir ouvert, une fois de trop, sa grande gueule difforme avec un malheureux trait qui se voulait spirituel mais n’est qu’au mieux une goutte de spiritueux vinaigre ?
Rater le coche, tomber sur un os. Cela fait moins mal que ce sourire cruel de chat gourmand. Faisons semblant, un instant, d’accepter la pique. Etre fort, alors que le chagrin perle déjà au creux de l’œil. On aimerait aller à consentir, rien qu’un tout petit infime instant, à laisser s’écouler cette larme salée. Qu’elle s’égoutte le long de l’arête du nez, puis tombe. Ecouter le son clair et cristallin de cette perle nacrée qui s’écrase au même rythme que le lent trémolo du dernier mouvement d’un air envoutant.
S’abandonner à sa tristesse.
Mais il faut être fort. Cachons cette faiblesse que nous ne saurions voir, là, au creux d’un sein. Dans le tout petit renflement cancéreux d’un cœur pourri par d’anciennes douloureuses épreuves. Dans la petite boîte noire où  se terrent ces trésors de douleurs que nous nous complairions à savoir à jamais enfouies, au plus profond des entrailles sableuses de l’île la plus désert qui soit.
Hélas, ces immenses douleurs, gâchis personnels trop souvent dû à nos propres bêtises, restent toujours vives, bien accrochées à nos petits cœurs rabougris qui s’époumonent encore et toujours à battre.
Pourquoi ne t’arrêtes-tu pas petit organe chétif ? Plus d’amour. Plus de douleur. Plus de vie. Mort aux sentiments, mort au chagrin, mort à la pitié. Ni misère. Ni vilenie. Ni cruauté.
On tue tout, on écrase, on efface, on rase. On supprime notre humanité…



I am tired of being tired.
Cela me fatigue d’être si fatigué, si usé, si aigri. Jusqu’au plus profond de ma moelle.  Dépité par tout. Et par cette putain de colère qui me ronge comme un cancer.
La douleur vrille mon crâne. Marteau piqueur qui perfore de ton terrible ronronnement la moindre parcelle de mon cervelet.
J’ai envie de crier. Hurler cette peine dans un jaillissement de sang et de larmes.
J’ai mal. Je souffre. Mes épaules, mon poignet, mes doigts qui serrent le stylo bille. Du bout de l’ongle où s’écoule à flot bouillonnant l’encre noire, jusqu’aux synapses qui libèrent cette pensée dans le râle des mots qui se font violence. Mes yeux sont emplis de buée d’une infernale douleur qui tiraille jusqu’à mon âme. Corps et esprits tendus dans le même mouvement libérateur et anxiogène. Sortir. Cracher. Vomir cette boule de nerfs qui me triturent encore et encore.
Comme une envie de mordre, broyer, arracher.
Faire mal. Se faire mal. Sadomasochisme.
Contrer ce putain de mal qui me ronge toujours au plus profond. Cancer de la pensée sclérosée de sentiments sans espoirs d’appel.

Déconnecter. Plus de sens. Plus de sentiments. Purification dans la destruction. Apocatastase de la palingénésie. 

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