J’ai mal. Dans la ma tête, dans mon âme, dans mon corps. J’ai
mal, et je ne sais pas pourquoi.
Je n’arrive pas à dormir, mes muscles me tirent, mon cœur se
serre, et ma cervelle n’est qu’une bouillie infâme trop chauffée par des idées
qui ne veulent pas s’en aller.
Dans mes oreilles, Fauve, infirmière, ou Joe Hisaichi. Qu’importe que ce soit des paroles ou
simplement la froideur triste d’un piano à queue. Ces chansons disent toute la
même chose. La peur, le désespoir, l’envie d’abandonner. Capituler. Et l'amour, l'espoir, l'envie de vivre, encore un peu. Voir de quoi demain sera fait. Même si ce demain n'est que cendre amères. Question : est-du masochisme que d'avoir peur à l'avance de cet avenir ? Est-ce du masochisme que de vouloir vivre dans ce monde qui dégoût, fait vomir, oppresse et n'offre finalement qu'un lendemain qui déchante encore et toujours ?
Je lis un livre, images en noirs et blanc d’un homme et son
enfant qui suivent la voie des démons. Meifumado. A la fin, quelques notes sur
le bouddhisme. Il faut connaître la mort pour connaître la joie de vivre. S’affranchir
de la terreur de la camarde en la côtoyant comme une amie.
Dans ma folie, je croyais ne pas avoir peur de la mort.
Pourtant, elle me terrifie. Pas la mienne, moi, je n’importe en rien. Non, ce
qui me fait peur, c’est la fin, inéluctable. Les parents, de plus en plus âgés,
les amis, à qui des accidents de la vie arrivent tous les jours. Ces relations
me terrifient, me rendent amer de peur qu’elles ne disparaissent. Alors je
fuis, je m’enferme dans ma tour d’ivoire, caché derrière un mur de glace et de
violence. Je ne veux plus voir personne, car dans le fond de leurs yeux, je
vois les terreurs de mon âme.
Je deviens misanthrope, tandis que la douleur me vrille
encore et encore. A l’arrière de mon œil, je sens comme une boule qui grossit,
encore et encore. Chancre terrifiant qui me torture, symbole de ses pulsions de
vies et de morts qui me hantent, me traversent d’un coup, me possédant comme un
simple animal d’une envie primaire. Se battre, jouir, dévorer. Aucun appétit
dans tout cela, simplement la pulsion primaire d’une bête aux abois. Dernier
baroud d’honneur, car je ne souhaite pas abandonner, au fond.
Et pourtant, cela serait si simple, céder à cette lâche
tentation.
Si simple.
Je ne dors pas. Je suis triste ce soir. Non pas pour moi, je n'ai pas besoin ni de chagrin, ni de pitié. Seulement de quelqu'un qui me redonne une once de confiance en moi, m'aide à me dépasser pour elle. M'offrir à nouveau, malgré ce que certaines appellent "se cacher derrière". Somme toute, c'est ma façon d'aimer. Non, je ne suis pas triste pour moi, je me connais assez bien, enfin je crois. Je ne suis pas triste pour cet ego brisé, déchiré, et bafoué, pourtant toujours rapetassé, bricolé et reconstruit petit à petit.
Mais pour mes amis, mes parents, mes frères. Pour ceux qui me supportent, et
que je n’arrive plus à supporter. Je suis triste, une boule se forme au fond de
ma gorge, étreint mon cœur, malgré les litres de fumée et d’alcool que j’inhale
et avale. Pour graisser et faire passer ce mal qui me ronge, pour l’endormir
dans des volutes amères du tabac blond.
J’ai envie de m’en aller, partir, loin. Ne pas me retourner.
Et pourtant, je dois faire face. Face à ces démons qui hantent mes nuits. A ces
questions sans réponses. A la recherche de cette infirmière dont parle le doux
murmure du fauve.
Qui es-tu, ô toi que j’appelle de tous mes vœux, et qui pourtant me fait immensément peur, de tout gâcher simplement par ce que je suis ?
Qui es-tu, ô toi que j’appelle de tous mes vœux, et qui pourtant me fait immensément peur, de tout gâcher simplement par ce que je suis ?
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