Le capitaine sans vaisseau Bellamy,
Ezekiel de son petit nom, cherchait encore à faire un coup fumeux
dans Tortuga, afin de retrouver un navire et de partir à la
recherche de ce qui lui revenait de droit : le trésor
d'Hornigold.
Las, mes chers lecteurs, vous vous
rappellerez que ce « pauvre » Bellamy avait rencontré le
Capitaine Barbossa, que dis-je, le pleutre à la jambe de bois et à
la barbe aussi fournie que celle de feu le respecté Barbe Noire, qui
au passage en avait une plus grosse paire que ledit capitaine à demi
cul-de-jatte, et n'avait pas conclu d'affaire.
Sa malchance habituelle, ou son talent
pour survivre aux coups les plus dangereux, avait encore frappé
lorsqu'il rencontra un obscur Maure qui travaillait pour un
consortium privé de langue anglaise. Ce jeune homme né d'une
auguste ligné de voleur de femmes et de baiseurs de chèvres avait
quelque peu commotionné Bellamy, en essayant ni plus ni moins que le
poignarder. Pour preuve, le capitaine aux vaisseaux disparus marchait
de son pas habituel, rapide et majestueux, fendant la foule à grand
coup d'épaules si l'on ne ne se pressait pas de lui laisser passage,
en tâtant une main où un bandage crasse suppurait des matières
infectes, tirant entre le rouge sombre sanguinolent et le noir des
cataplasmes de Madame Voodoo, sorcière aux charmes aussi désuets
que capable dans les travaux de magie grise.
Bellamy maugréait donc contre
l'injustice de ce monde où un honnête capitaine ne pouvait rien
gagner si ce n'était en étant plus filou que les légendaires
pirates et tout ce qui portait perruque poudré, et encore, s'il
gagnait, c'était pour qu'une bande de rapiats vienne à lui arracher
le moindre sol. Bellamy, pour un pirate, était quelqu'un de réservé
dans le sens où il connaissait le mot économie, cela ne l'empêchait
pas de dépenser son argent en vin et en belles femmes, mais c'était
la seule concession qu'il faisait, préférant thésauriser pour les
raisons que l'on sait, ne voulant pas faire de sa fille une jeune
orpheline d'un père cyrosé. Quant aux femmes, Bellamy en avait
chéri deux, et si de temps en temps il allait voir ailleurs, il
n'était pas non plus un de ces jolis cœurs comme ce freluquet de
Jack Sparrow, qui cherchait ce qu'elles se pâment toutes devant lui.
De toute manière, vu sa gueule...Mais passons.
A ses côtés, égaux à eux mêmes,
Gebedia et Bombata marchait au même pas que leur capitaine. Le grand
nègre hésitait à rire, le vieillard lui préférait rester coi, il
pourrait bien rire sous sa barbe plus tard, en buvant du rhum entre
les seins d'une pouliche un peu grassouillette par exemple.
Cet équipage patibulaire arriva donc
devant le Singe qui Fume, petite taverne du bord de plage qui devait
son nom à son enseigne, un singe habillé de vert qui fumait un
énorme brûle-gueule. En fait, c'était une plus une petite paillote
qui résistait tant bien que mal aux assauts du vent les soirs de
tempêtes, mais le rhum y était bon, et les grillades de poulet
mariné étaient succulentes, et peu onéreuse pour des pirates en
quête de liquidités. Une fois arrivée devant la porte, une simple
planche de bois battante, Bellamy entra.
Alors que le soleil de midi tapait haut
et fort dehors, l'intérieur enfumé de l'auberge pouvait passer pour
presque frais, si ce n'était les odeurs de graillons et d'hommes en
sueurs, grâce à un ingénieux système de store importés de Venise
et aussi parce que le mure faisant face à la plage était largement
ouvert sur les Caraïbes...Avantage non désagréable un jour où la
maréchaussée descendait soit dit en passant.
Un coup d’œil au barman, un grand
nègre, ex marron, au nez taillé la première fois où il avait été
rattrapé, et nos trois compères purent s'asseoir à une bonne
table, bottes dans le sable, sirotant un punch pas assez glacé mais
relativement correct pour l'endroit. Gebedia matait ouvertement les
fesses rebondies de la serveuse, une mulâtre au passé de putain qui
ne se refusait pas de temps en temps à reprendre ses anciennes
activités à titre gracieux, du moins, c'est ce qu'on racontait.
Bombata lui, peu inquiet de nature, préférait attendre que son
capitaine sorte quelque chose d'intelligent en dévorant des
brochettes de poulets qui avait marinés dans un mélange de graisse,
de citron et de liquide plus ou moins huilé, ce qui faisait reluire
sa bouche et ses doigts comme un Ogre de feu Monsieur de Rabelais.
Dégoutté par ses hommes, dégoutté
par lui même, Bellamy lui tâtait de sa main valide une chai nette
où tous ceux qui le connaissaient savaient qu'étaient peint deux
portraits, deux femme, l'une blonde aux yeux bleus, ange triste,
l'autre brune aux yeux chocolats, espagnole à n'en pas douter.
A vrai dire, le capitaine était las.
Si ce n'était ses exploits passés qui lui vaudrait le garrot s'il
posait pied sur les terres du Roi dont l'empire ne voyait jamais le
soleil se coucher, il aurait aimé pour l'heure prendre sa retraite.
Il était jeune encore, mais il avait tout l'or qu'il voulait, caché
quelque part sur une île abandonnée de Dieu et des hommes, et il
pourrait se refaire une vie. Bien entendu, son visage tailladé et
buriné était connu de tous, mais il y avait tant de terres vierges
à explorer. Il était certain de pouvoir vivre heureux, et libre,
quelque part, avec sa petite famille. N'était-ce pas ce qui était
arrivé à Misson et sa petite colonie de Libertalia ? Oui, tout
cela serait très simple, partir, et ne plus revenir.
Mais Bellamy était un homme d'une
autre trempe, et puis, Doña Elvire ne voudrait pas de cette vie,
habituée qu'elle était aux fastes de la cour. Bien sûr qu'elle
aimait son pirate, mais de là à tout abandonner....Et puis, il
fallait qu'ils pensent à leur petite fille, même s'il refaisait sa
vie, les rumeurs couraient vites sur les sept mers.
Déprimé, rongeant son frein à la
recherche d'un navire, Bellamy allait commander un verre de rhum
lorsqu'il vit arriver un jeune marin qui semblait quelque peu perdu
dans cette assemblée de voleur, ruffians et gens de cordes...
Oui, de retour \o\
RépondreSupprimerEt oui de retour, j'espère que tu vas bien et que tout se passe bien pour toi =)
RépondreSupprimerJe galère mais c'est super intéressant ! J'espère juste ne pas y laisser des plumes d'ici avril :p Et de ton côté, tout roule (et fait ronron petit patapon) ?
RépondreSupprimerBah ça va, j'entame un master rechercher à la Sorbonne en histoire militaire, on verra bien ce que ça donnera =)
RépondreSupprimer... En histoire militaire ! Bon dieu, ça doit être fucking intéressant, non ? Tu as des idées de sujet pour ton mémoire ? *_*
RépondreSupprimerJ'ai déjà un champ: la maladie, la blessure et la mort, et là mon mémoire portera certainement sur les prisonniers de guerre, guérir et soigner lorsqu'on est démuni.
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