mardi 12 juillet 2011

Le Croque Mitaine


Une taverne mal famée, loin des regards des bonnes gens et surtout de la milice de la ville. Mon contact ici devait déjà y être, mais je préférais attendre dehors, sous une arcade à l’abri de la pluie, l’heure exacte du rendez-vous. Je fumais lentement un petit cigarillo, regardant minutieusement tout ce qui pouvait passer dans cette rue.
Des bars à foisons, des ouvriers qui rentraient ou sortaient, selon qu’ils finissaient ou commençaient leur tours, quelques gandins venus se perdre auprès des putains et des fumées à rêves…Rien que de bien normal dans cette bonne vieille ville Tëmo.
Mon cigarillo finissait de se consumer, d’une pichenette  je le jetais dans une flaque de boue où les dernières braises finirent de se consumer en grésillant.
Relevant le col de ma capote, je traversais la rue…L’heure était venue

Je rentrais dans le bar, si l’on peut appeler ce bouge de ce nom. Des habitués se tenaient près d’un poêle en fonte qui dégageait une mauvaise chaleur, et surtout une fumée âcre qui noircissait les murs, déjà dégoulinant d’humidité. Cela sentait le renfermé, le corps d’hommes qui passaient et repartaient soit à l’usine soit dans leur galetas.  Tous buvaient une mauvaise gnôle faite maison, servie dans des verres plus crades les uns que les autres. Les plus riches commandaient sur leur pécules des bouteilles de cette immonde tord boyaux qui arrachait même aux plus aguerris des mines rouges et quelques hoquets lorsqu’ils le buvaient trop vite.

Mon contact se trouvait au fond du bar, dans un recoin sombre, sa chaise appuyée contre un mur. Il buvait lentement du tord boyaux,  d’un regard perdu. Quiconque ne le connaissait pas aurait pu penser que sa mine hâve et ses yeux glauques montrait l’état pitoyable d’un homme qui boit plus que de raison, mais il n’en était rien.
Il regardait en effet tous les allers et venues, connaissait chaque visage, scrutait et mémorisait chaque tic de chaque client…Un bon fic en somme, ou un bon indic, je n’ai jamais u vraiment la différence.
Je m’asseyais comme lui, à la table voisine, tournant le dos au mur et regardant la porte qui battait au rythme des entrées et des sorties. Le patron m’apporta un carafon d’un vin aigre et quelques tapas déjà froides, je payais et commençais mon repas…

« Tu veux des infos sur le Croque Mitaine petit ? »
Je mâchais lentement ma bouchée de pomme de terre, l’homme ne s’était même pas tourné vers moi, il buvait lentement son verre, le faisant rouler sous ses doigts noirs de crasse, quoi que sous ses ongles jaunis par la consommation de tabac, cela aurait pu être des caillots de sang séché.
« Tu sais que personne le connait vraiment, que beaucoup pense qu’il n’est qu’une légende des rues » une pause, il but une goutte, fit rouler trois fois son verre, « peu de gens l’ont jamais vu en action… »
« Et vous, l’avez-vous vu ? » je sortis de la poche de ma veste mon porte feuille ainsi qu’un cigare. L’homme regardait avidement
« C’est tout comme… »
« C’est tout comme n’est pas l’avoir vu monsieur » je tirais le portefeuille près de moi
« Bon d’accord, moi je l’ai jamais vu de ma vie, mais j’ai tout un dossier sur lui, des notes de Chasseurs, et plusieurs ragots issus de les informateurs des cités alentours… »
« Le dossier je vous prie »
« D’abord l’argent » il est malin celui-là.
J’ouvre mon portefeuille, en tire une liasse de billet, pose ma main dessus et la glisse vers lui.
« Le dossier je vous prie » ma voix est encore une fois neutre, bien que je mette une pointe d’agressivité pour lui montrer que, même si je suis habillé comme un blanc bec de l’université, je connais le système.
Il me regarde droit dans les yeux, je ne cille pas, il sourit dévoilant plusieurs chicots noirâtres, de sa longue veste crasseuse il tire un dossier, mis dans une enveloppe de papier kraft de bonne facture. Pas d’armes dessus, juste le marron du papier neuf et propre.
« Merci » Il prend la liasse tandis que je récupère l’enveloppe
« Vous ne le lisez pas ? » trop interrogateur, mais il a raison, je risque de faire une bourde.
Je sors un délicat couteau en argent, un cadeau d’une vieille amie. J’ouvre l’enveloppe. Pas d’images, quelques rapports de Chasseurs qui se sont fait dépassés par le Croque Mitaine. Toujours des corps mutilés de démons Rebelles, il chasse dans les rues et le territoire du Comité…Pourtant il n’a jamais, semble-il, tué d’humains ou de Chasseurs…Seulement des Démons Rebelles.
« Impressionnant, très impressionnant monsieur »
« Vous devriez pas le chercher jeune homme…Ce type, regardez le rapport du troisième Chasseur, c’est un putain de magicien…Il a démonté la Sorcière des Flammes avec des sorts de glaces si puissants que les Chasseurs ont passé un mois avant de retrouver son corps…Et là, il a vaincu le Prince des Balrog Aldenaï avec sa Faux…Personne l’a jamais vu, mais il laisse une piste sanglante derrière lui, nombre de seigneurs Undead et Lycans sont morts… »
« Cela ne vous concerne plus monsieur » je lui souris « le Croque Mitaine est mon affaire, pas la vôtre, merci du renseignement en tout cas »
Je sors une liasse de billets supplémentaire, lui tend et m’en vais…Je ne suis resté que trop longtemps ici.

Le lendemain, le vieux ne revint pas au bar, ni le surlendemain…Quelqu’un prévint la police, on força la porte de son galetas…Il était mort, tué au moment où il entrait dans sa chambre, coupé en deux par un objet qui aurait pu être une faux… 

A oui, en vous rapportant cela, j'ai seulement oubli de vous dire, le Croque Mitaine supprime tout les traîtres qui connaissent trop de choses sur lui =)

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