Avec quelques jours d'avance, pour vous mes parents, mes amis, ceux qui comptent, vraiment. Je vous aime, merci d'être là, toujours :)
Les choses changent, insidieusement. S’il voulait arrêter, il n’en serait pas capable. Car tout avance, marche, roule. Lentement, mais surement, pas léger et cadencé des années. Ce n’est plus une fuite, une course en avant, sans un regard pour derrière, le passé. C’est la réalité. Triste ou joyeuse, qu’importe, cela, c’est le jugement des années. C’est la réalité. Sa réalité.
Les choses changent, insidieusement. S’il voulait arrêter, il n’en serait pas capable. Car tout avance, marche, roule. Lentement, mais surement, pas léger et cadencé des années. Ce n’est plus une fuite, une course en avant, sans un regard pour derrière, le passé. C’est la réalité. Triste ou joyeuse, qu’importe, cela, c’est le jugement des années. C’est la réalité. Sa réalité.
Cette nuit, il n’a pas rêvé d’elle. Non, il ne saurait même
plus tracer ses traits. Il les a oubliés. Alors qu’il pensait, hier encore, qu’ils
resteraient gravés à jamais. Brûlure au troisième degré, fer rouge sur son cœur
imposé. Le temps fait son œuvre, et seul reste l’amertume de ne pas avoir vécu,
pendant six années. Ou plutôt, être passé à côté. De tant de choses, de tant d’amitiés,
de tant de temps.
Même s’il le voulait, il ne pourrait pas revenir dessus. Et
puis, le peut-il vraiment, revenir dessus ?
Cette nuit, il a rêvé de sa famille. Il partage leur sang,
et pourtant, il se sent si éloigné d’eux. Si seul, dans ses nuits tourmentées.
Eux qui ne comprennent pas, parce qu’il a verrouillé certaines choses, tues d’autres,
caché beaucoup. Pour ne pas les voir souffrir, pour pas qu’il sache qu’il
souffre. Par fierté de se dire qu’il ne leur doit rien, lui qui leur doit tout.
Et pourtant, il a rêvé d’eux, d’un jour heureux. Réunion de famille. Les
visages se sont fanés, les cheveux un peu plus grisés, et les yeux plissés. Il
manque une personne, ou deux, ou plus. Où sont-elles ? Il connait la
réponse. Effacées, dans sa mémoire, mais à jamais incrustée, au fond de son cœur.
Comme elle. Comme elles. Comme eux. Ses amis. Ses supports,
ses alliés, ses piliers. Il leur en a fait baver, il leur en fait baver, il
leur en fera baver. Et pourtant, ils sont toujours-là. Sa famille qu’il a choisie.
Ils ne sont pas nombreux, et pourtant ils comptent plus que tout au monde. Eux
aussi ont vieilli, vécu, grandi. Appris de nouvelles choses, changés,
lentement, pour devenir des femmes et des hommes accomplis. Ils se sont moulés
dans des vêtements, autrefois trop grand pour eux, et qui maintenant les
entourent comme un gant une main. Malgré les déroutes, les défaites, les
échecs, il n’a envie, pour eux, que de se rappeler des réussites. Partie de
carte de la vie, où la chance importe peu, tant qu’on est bien entouré. Pour se
battre, survivre, se vivre. Etre ensembles, contre tout, avec tous. Et garder,
au fond du cœur, une trace de ceux qui ont partagé, même un instant, tout petit
moment, quelques heures de ce chemin sans fin.
Dans le creux d’un rêve, il aimerait vivre sa vie à la manière
de…Non. Il ne faut pas être à la manière de, mais faire de cette manière de sa
propre voie. Vivre pour rêver. De ces yeux noirs, verts, rouges qu’importe,
cheveux bronze, sinople ou corbin, qu’importe. Rêver, d’elle. Cet amour
inconnu. Et espérer avoir la chance de la rencontrer. Au détour du chemin. Et
se rendre compte de la chance qu’il a, de vivre, pour espérer.
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