Attente sur un quai de gare, faire les
cent pas, encore, et encore. La trotteuse de l'horloge tourne, vite,
trop vite, ou lentement, trop lentement.
T'attendre, lèvres sèches, marcher,
de long en large, cent pas d'un côté, mille de l'autre, et revenir.
Regarder ma montre ; les aiguilles avancent, entre-deux
insupportable. Ne pas regarder, ne pas pouvoir s'en empêcher. La
ranger ; puis la ressortir ; instantanément.
La voix, familière. Frémissement dans
l'air. Toutes les personnes qui attendent le long de ce quai en béton
froid se lèvent, comme une forêt de blé sous la caresse du vent,
ils se penchent, corps tendus, bruissement des articulations qui
s'approchent du vide.
Au loin, tout proche, le mugissement du
cheval de fer et d'acier. Frémissement des rails qui se tordent sous
le poids de cette charge sifflante et crachante. Frémissement des
vitres et du béton, froid glacial d'une peur enfouie qui ressort,
comme lors de ces courses de taureaux là-bas, chez moi, où la foule
attend, mélange de chair de poule et d'excitation, qu'un raseteur
s'effondre au milieu de la course.
Sifflet strident, bruits de pistons, la
bête se cabre tandis que son mors retreint son envie d'avaler les
miles. Crissement de l'acier, frein. Arrêt brutal, dans un
relâchement de vapeur. Terminus, tout le monde descend.
La bête ne bruit plus, chuintement des
portes, elles s'ouvrent. Flot jaillissant instantanément. Noir de
monde. Chercher ton visage, scruter la foule. Où es-tu ? Des
gens passent, sans histoire ni passés, moment présent, je ne les
reverrai jamais, et pourtant...Leur petite vie pourrait devenir un
roman, sous une plume aiguisée.
Pas la mienne. Non. La mienne te
cherche, essaie de te retrouver, de te (re)découvrir. Corps tendu, aux
aguets. Où es-tu ? Passer d'un visage à l'autre, tu n'es pas là, saisir tes traits, elle te ressemble, mais ce n'est pas toi. Où te
trouver ? Je suis perdu, tu es perdue. Nous sommes perdus.
Peut-être. Découverte. Tu étais là, tout près, toute prête.
Élégante. Belle. Habitude, pourtant, si peu de temps passé. Saisir ta main, te presser, te serrer. Mêler ton corps
au mien. Ou l'inverse. Te retrouver. Chaste baiser.
Nous retrouver.
Dire nous.
Nice !
RépondreSupprimerMerci ^^.
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