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La petite hutte faites de rebuts jetés par la mer et de branches de palmiers trônait fièrement à la plus haute pointe de la plus petite île de l'Archipel de la Muerta.
La petite hutte faites de rebuts jetés par la mer et de branches de palmiers trônait fièrement à la plus haute pointe de la plus petite île de l'Archipel de la Muerta.
A vrai dire, c'était la seule trace
d'occupation humaine dans ce petit bout de terre perdu au milieu de
l'Océan. Pour les étrangers, c'était la preuve d'une folie
génétique des gens de l'Eau, pour les natifs, c'était l'entrée
d'un territoire tabou, peuplé de terribles esprits que seule la
Maîtresse-des-Corbeaux pouvait diriger.
Les plus braves, femmes ou hommes, des
tribus venait ici en quête de spiritualité, mettant en jeu leur vie
et leur âme pour les parcelles du savoir de la dirigeante de l'île.
Pendant la Saison des Tempêtes, nul ne
bravait l'entrée de la Baie, de crainte d'éventrer son vaisseau
contre la barrière de corail aussi coupante qu'un rasoir et plus
résistante que les hauts murs de Sent'sura. Les pluies et les vents
chassaient de toute manière les importuns, qui craignaient dans les
murmures glacés de l'alizé d'entendre le chant des esprits.
Pour la Maîtresse-des-Corbeaux,
c'était une période de calme, tandis que les derniers impétrants
finissaient de se former, elle-même pouvait en toute tranquillité
s'adonner à ses petits plaisirs de plus que centenaires, alcool et
opiacés, qu'elle fumait pour le second dans un magnifique narguilé
en argent poli par les ans, quant au premier, personne n'avait jamais
réussi à trouver ses réserves, mais elle n'avait jamais manqué de
boissons vieillies dans d'immenses dames-jeannes de verre et de
bambou qui trônaient au milieu d'ingrédients magiques, poudres
d'insectes et autres grigris protecteurs.
La Maîtresse-des-Corbeaux se
réchauffait auprès d'une belle flambée, engoncée dans un châle
qui autrefois avait été coloré qui protégeait sa robuste
carcasse, tandis que ses énormes bajoues se gonflaient
régulièrement, tandis qu'elle tirait sur son narguilé plus fort
qu'un joueur de cornemuse des Highlands. Abrutie par les drogues et
l'alcool, ses yeux pétillaient cependant, tandis qu'elle regardait
les flammes. Un grand corbeau sautillait autour d'elle, boule de
plumes blanche attendant une caresse en piaillant.
Pour ceux qui parlaient la langue de
ces bestioles, il lui tenait à peu près ce langage :
« Maîtresse-des-Corbeaux,
raconte nous une histoire »
Depuis un petit moment, la vieille
gloussait, comme si elle était une petite danseuse du ventre du
Sahawi devant son maître qui la priait qu'elle retire le dernier
voile, diaphane bien entendu, qui cachait son entrejambe savamment
épilé.
Les piaillement se faisaient plus
fort,, le favori savait que ses petits camarades, perchés sur les
barres du toits, les planches des précaires étagères et autres
fenêtres n'attendaient que ça.
Au bout d'un moment la
Maîtresse-des-Corbeaux tira de sa poche un petit galet noir, elle
cracha dessus, un jet de salive rougit par la consommation de racine
de bétel, avant de le plonger dans les flammes. Son histoire
commença ainsi.
« Il était une fois, il y a près
de deux fois une génération, dans la tribu des Hommes de la Muerta,
un grand guerrier. Il était fort, puissamment bâti, et pouvait
rivaliser au combat avec n'importe quel homme de sa tribu. Mais son
plus grand plaisir, c'était se battre contre les Championnes des
Amazones, dans les criques, les rivières, ou en haute-mer, sur les
grandes pirogues à fond plat.
Il était invincible, et à chacune de
ses sorties, les mères pleuraient d'amers larmes de tristesses en
imaginant les sévices que cet homme pouvait faire subir à leurs
filles, tandis que leur sœurs aiguisaient leurs armes pour assouvir
une vengeance plus que méritée, du moins, de leur avis.
Ce guerrier n'avait aucun égal,
respecté de tous, il aurait pu devenir facilement le chef d'une
tribu, si son seul plaisir n'avait été le combat. Il vivait pour la
fureur et le sang, le fracas de l'acier et les bris des os. Il menait
des raids toujours plus loin, ramenant bijoux, armes et femmes de
contrées exotiques pour ces pirates sans foi ni loi. C'était un
aventurier, un homme sauvage qui n'avait peur de rien, même pas de
la Mort et de sa terrible déesse, Nayris. Auréolé de gloire, la
plupart de ses congénères n'avait dieu que pour ce terrible
capitaine qui ramenait plus de richesse que les plus grands pirates.
Mais cette grandeur naturelle ne lui
attirait pas que des amis, loin de là. Les Chefs des Tribus avaient
peur de lui, du pouvoir grandissant et de l'aura qu'il exerçait sur
leurs hommes. Ils réfléchirent longtemps, ils l'envoyèrent dans
des missions dangereuses, essayèrent de l'empoisonner, ou de
dénigrer son nom par de terribles machinations. Mais les Dieux de la
Chance semblaient être avec lui, il s'en sortait toujours, in
extremis. Leur éclat terni, les Chefs eurent alors l'idée de faire
appel à un mage-noir de Miraï.
Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que
cet homme était un prêtre de Nayris. Il comprit immédiatement que
le Guerrier avait été béni par sa Déesse tutélaire, quand il vit
l'aura de violence rouge qui vibrait autour de son âme. Cet homme
ferait un parfait Élu, le bras armé de la déesse de la Mort sur
Terre.
Le mage-noir mit au point un plan
machiavélique pour dominer l'esprit du Guerrier, farouchement libre
et indépendant, et le plonger dans les Limbes, comme ses
commanditaires le voulait. Non pas pour le tuer définitivement, mais
pour qu'il aille servir la Déesse. Il lui fit ingurgiter, au cœur
de son harem, une puissant drogue qui mit en transe l'homme. Les
hommes de la Muerta disent qu'un cri terrible retentit dans la Nuit,
tandis que le Guerrier saisissait sa hache, et commençait un
terrible massacre. La potion l'avait plongé dans une Furie de Sang,
lui qui était déjà un être violent, il ne refrénait plus ses
pulsions. Sa grande hache, Faucheuse, préleva un terrible prix dans
les hommes de son équipage enivrés de vin, de drogues et d'amour.
Le Guerrier était au sommet d'une pile de cadavre, quand une flèche
traîtresse frappa sa nuque, sectionnant ses vertèbres et sa trachée
en même temps que sa vie. La dernière chose qu'il vit, c'est les
chef de tribus indiquer le mage-noir comme le parfait coupable, qui
se fit dépecer par les survivants de cette nuit de sang... »
Maîtresse-des-Corbeaux arrêta là son
récit, le temps de boire une longue rasade de sa dame-jeanne ou
flottait un crapaud dans un liquide couleur pissat. Ses petits amis
écoutaient avec passion, sans jacasser comme leur cousine les pies,
attendant religieusement que leur Mère finisse de boire pour contre
la suite de son histoire.
***
Le Guerrier se réveilla difficilement. Il était dans un endroit sombre, envahi de fumées. A ses pieds, il trouva Faucheuse, qu'il saisit, comme un homme de foi tient une amulette. Où était-il ? Il ne le savait pas, il aurait pu être n'importe, ou nulle part. Un frisson glaça son échine, tandis qu'il essayait de se souvenir qui il était. Il n'en savait plus rien. Il s'était perdu comme il était perdu dans le nul absolu. Pourtant, il connaissait encore le nom de son arme, et ses muscles répondaient bien, il savait qu'il était un guerrier, mais il ne se souvenait de rien.
Le Guerrier se réveilla difficilement. Il était dans un endroit sombre, envahi de fumées. A ses pieds, il trouva Faucheuse, qu'il saisit, comme un homme de foi tient une amulette. Où était-il ? Il ne le savait pas, il aurait pu être n'importe, ou nulle part. Un frisson glaça son échine, tandis qu'il essayait de se souvenir qui il était. Il n'en savait plus rien. Il s'était perdu comme il était perdu dans le nul absolu. Pourtant, il connaissait encore le nom de son arme, et ses muscles répondaient bien, il savait qu'il était un guerrier, mais il ne se souvenait de rien.
Dans cet Enfer, car il devait être en
Enfer, il n'entendait rien, si ce n'était une douce musique, au
loin. Alors il marcha, se repérant au son. Il marcha longuement, des
heures, des jours, des années. Il n'en savait rien, n'ayant plus
connaissance ni du temps, ni de la faim, ni de la soif. D'aucune
sensation humaine, si ce n'était un froid glacial. Il marcha, sans
rencontrer âme qui vive. Il marcha, halluciné, tandis que des
banshee rieuses des contes pour enfants se moquaient de lui. Il
marcha, affrontant des fantômes et des êtres spectraux, attirés
par son âme. Il marcha, sa buveuse tranchant dans les Brumes comme
si c'était une jungle épaisse. Il marcha, allant au-delà de
lui-même.
Il pensait qu'il devait être fou, à
marcher comme un somnambule dans ces Ténèbres Grises, sans Nuit ni
Jour. A vrai dire, il était réellement au bord de la Folie, mais
était-ce depuis sa Mort ? Ou depuis sa Vie ?
Son périple continuait, à la
recherche de cette musique douce qui emplissait son âme. Voix de
petite fille mélangée à des sons, carillons, triangle ou
tintinnabulement d'instruments inconnus.
Plus il avançait, plus il désespérait,
mais plus il désespérait, plus il avançait. Tenant fermement sa
hache, il marchait.
C'est quand il atteint le combe du
désespoir qu'il arriva à son but, un petit jardin d'enfant, un
grand saule pleureur à moitié plongé dans une rivière de brume,
où était accrochée une balancelle qui grinçait. Une petite fille
aux cheveux violets jouait avec une poupée de porcelaine, en lui
brossant patiemment les cheveux, mille et mille fois, en chantant une
contine. Dans l'air résonnait les instruments, mais nul musicien
dans cet espace de vie au milieu de nulle part. L'homme s'approcha, à
pas de loup, pour ne pas effrayer l'enfant, touché par cette grâce
quasi divine.
Peine perdue, sans se retourner, elle
dit :
« Tu as mis du temps à venir,
Sans-Nom. Mais au moins, tu es arrivé. Alors valeureux pirate, que
viens-tu faire dans mon Royaume ? »
« Ton Royaume ? Qui
es-tu ? »il fit un pas en avant, mais la scène recula
d'un pas.
« Oh, je te présente mes plus
plates excuses Sans-Nom. Je suis Nayris, tu me connais sous le titre
de Déesse de la Mort, mais il ne faut pas croire les vilaines gens,
ne suis-je pas qu'une enfant ? » sans lui laisser le temps
de répondre, elle continua « Tu étais un grand guerrier, mais
tu as été trahi, par un des mes serviteurs. Pitoyable petit homme,
il aurait du te laisser accomplir ta Destinée, ne crois-tu pas ?
Il a été châtié pour ça, mais je ne te le montrerai pas, tu
oublieras tout ce qui va se passer maintenant, ou tu penseras que ce
n'était qu'un rêve. » elle haussa les épaules, sans se
retourner, toujours. « Maintenant Sans-Nom, je vais réparer
l'erreur de mon acolyte, tu vas retourner d'om tu viens, pour me
servir, je te bénirai et te protégerai, ne t'inquiètes pas.
N'est-ce pas un beau cadeau ? Ne dis rien, dis seulement je
l'accepte, sinon, rappelle toi tes souvenirs d'enfance, bien que je
doute que les guerriers comme toi aient eu une enfance, tu ne
sortiras jamais des Limbes. Alors, veux-tu me servir, ou pourrir à
jamais dans le Vide ? »
La situation était insensée, le
guerrier fulminait de rage, il hésitait à lever sa grande hache et
frapper. Mais la proposition de cette petite était si tentante, son
corps la réclamait, alors que son âme hurlait de se méfier. Sans
s'en rendre compte, à moins que la petite déesse ne se soit amusée
à user d'une savante magie, le barbare hocha la tête. Un éclair
zébra le jardin. Il s'effondra, le temps de tomber, il ne savait pas
pourquoi, mais il était certain que que l'Enfant-Dieu était en
train de sourire...
***
Miraï, 113. Le quartier du port, une odeur iodée, mêlée au relents de crasse des habitants et des exhalaisons du poisson fumé fut la première odeur que Sans-Nom goutta, avant d'ouvrir ses yeux piqués de fatigue. En papillonnant, il s'assit, sous lui, il sentait le bois vermoulu d'un quai, frappé régulièrement par les vagues. Son tartan était mal mis, il le replaça, avant de regarder autour de lui. A ses pieds, sa grande hache, Faucheuse, semblait vibrer dans l'air matinal. Fait étrange, une petite poupée de porcelaine, représentant une petite fille aux traits effacés gisait à coté de la lame d'acier noir, elle avait une tenue en soie finement détaillées, et des longs cheveux qui semblaient réels, teints en violets. Sans qu'il ne sache pourquoi, Sans-Nom saisit son arme, et, avec délicatesse, il enfonça la petite poupée dans la bourse de son kilt, avant de se chercher une taverne, c'était l'heure de boulotter...
Miraï, 113. Le quartier du port, une odeur iodée, mêlée au relents de crasse des habitants et des exhalaisons du poisson fumé fut la première odeur que Sans-Nom goutta, avant d'ouvrir ses yeux piqués de fatigue. En papillonnant, il s'assit, sous lui, il sentait le bois vermoulu d'un quai, frappé régulièrement par les vagues. Son tartan était mal mis, il le replaça, avant de regarder autour de lui. A ses pieds, sa grande hache, Faucheuse, semblait vibrer dans l'air matinal. Fait étrange, une petite poupée de porcelaine, représentant une petite fille aux traits effacés gisait à coté de la lame d'acier noir, elle avait une tenue en soie finement détaillées, et des longs cheveux qui semblaient réels, teints en violets. Sans qu'il ne sache pourquoi, Sans-Nom saisit son arme, et, avec délicatesse, il enfonça la petite poupée dans la bourse de son kilt, avant de se chercher une taverne, c'était l'heure de boulotter...
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