mardi 9 avril 2013

Concours littéraire interne PDC

 Contexte: Nous sommes au XXIe siècle, vous êtes une personne X ou Y. Suite à un accident quelconque, vous vous réveillez après un long coma. Mais, ne vous souvenant plus de l'accident, vous êtes persuadé d'être votre personnage (de PDC). Pétage de plomb à l'hôpital ou évasion épique, à vous de décider.


La nuit noire. Hélène s’est endormie au pied de ce lit entouré de machines qui bipent régulièrement, au rythme froid des LED vertes et rouges qui assurent la vie du corps emmitouflés dans un épais amas de couverture.
La jeune infirmière a pris l’habitude, malgré les racontars et les petits sourires de ses collègues, de veiller sur le repos de ce jeune homme étrange, retrouvé à moitié mort, plongé dans le coma, sur une petite route de campagne.
A son arrivée, il n’avait aucuns papiers, rien dans ses affaires, pourtant si étranges. Une culotte de peau qui retenait des bas blancs. Un uniforme bleu roi, ancien, sur lequel était cousue une seule médaille militaire, sur le cœur. Au cou, une écharpe de soie brodée. Hélène aimait bien les films historiques comme Pirate des Caraïbes, et elle avait deviné que ce jeune homme brun, mal rasé, devait être un de ces reconstituteurs qui parcouraient la région, de foire en foire et de jeux de rôles en jeux de rôles. Du moins, c’est ce que lui avait dit le policier qui gardait la porte, quand il n’allait pas boire un café ou draguer une des collègues de la jeune blonde.
En dehors de ça, ce jeune homme était le néant total, pas de familles, pas d’amis, malgré les avis de recherches. Personne ne veillait sur lui, en dehors de ces machines, et de l’infirmière quand elle passait ses nuits dans le service des grands traumatisés.
A vrai dire, elle ne s’expliquait elle-même pas pourquoi elle appréciait ce jeune homme sans histoire ni passé, peut-être était-ce ses longs cheveux bruns, ou sa façon de sourire, pâle et hâve, dans ce monde étrange entre la vie et la mort. A moins qu’il ne lui rappelle un des hommes de sa vie. Elle ne savait pas vraiment ce qui l’attachait à ce parfait inconnu, mais elle tenait coûte que coûte à rester là, attendant un signe positif…Qui arriva à cet instant précis.
Près d’elle, tout débord, elle sentit le tissu du lit se froisser, presque imperceptiblement, tandis que les doigts du jeune homme se mettaient à bouger, d’abord l’auriculaire, puis l’ensemble de sa main, saisissant le drap fin avec une certaine vigueur.
Le mouvement se propagea à tout le bras, puis la poitrine, il cherchait à respirer un air pur, en remontant sa main vers les câbles qui entraient par ses narines. Avant qu’elle puisse faire, quelque chose, il les arracha, en même tant que ses yeux s’ouvrirent, billes bleus verts fixées vers les ténèbres de la chambre.
Hélène ne disait rien, tandis que l’homme regardait la salle obscure. Avant de jeter un coup d’œil à l’appareillage. Elle lut dans ses yeux de la peur, déconcerté, il était comme un enfant éveillé d’un cauchemar…A moins que la réalité ne soit ce mauvais rêve.
Instinctivement, elle saisit cette main qui était perdue à la recherche de quelques, et murmura un chut, tandis qu’elle bipait le médecin de garde.
La jeune fille plongea ses yeux dans celui du jeune homme, tandis qu’elle lui enlevait tous ses câbles et autres fils qui pendaient autour de son cou et sa bouche avec une expertise non déméritée. Quand elle le libéra, sans même la remercier, il hurla presque, monté sur ressort au point de bousculer la belle Hélène :

« Qu’est-ce donc que ces diableries »

Il semblait comme fou, saisissant la jeune femme au col d’une main puissante, au point d’avoir arraché les boutons de son chemisier et révéler la naissance de ses seins, la faisant presque suffoquer, avant de se rendre compte qu’il lui faisait mal. Il la relâcha brusquement.
Hélène reprit son souffle, les yeux rivés dans ceux du jeune homme, cherchant à découvrir ce que révélait ce coup de folie. Haletante, elle reculait un peu, toujours assise sur le bord du lit, tandis que l’inconnu reprenait contrôle de lui-même, délicatement, elle lui saisit la main, il ne réagit pas, elle attendit un peu, avant de lui demander :

« Ce sont des machines qui vous ont sauvé la vie Monsieur, est-ce que vous vous souvenez de quelque chose ?» elle était interrogative, parlant avec un soprano doux et paisible, attendant une réaction, tout en se demandant ce que pouvait donc bien faire le médecin.

« Sauvé la vie ? » Il répondit quelques minutes après, après avoir regardé fixement l’assemblage des valves et pistons qui laissaient filer l’air, comme si c’était un animal étrange. Elle se leva alors, et prit la décision d’arrêter la machinerie, ce qui eut l’air de calmer le jeune homme brun qui tiquait d’anxiété. « Des Nos, Charles Des Nos…Et…Heu…Je me souviens de… »

Hélène lisait un effort sur les traits du visage plissés du jeune homme. Il jeta un coup d’œil à sa tenue, habit de papier vert pâle ouvert dans la lutte. Anxieusement, il resserra la toile autour de son corps, avant de jeter un coup d’œil dehors, vers le gris froid de cette fin d’hiver.

« Désolé Madame…Et mes excuses pour cette situation abracadabrantesque…Et » il rougissait, parlant avec un phrasé ancien et suranné, mais si Hélène avait voulu se moquer, elle savait aussi qu’elle risquait de le vexer et de le voir se fermer comme une huitre.

« Continuez Charles…Vous permettez que je vous appelle Charles ? » Elle profita pour faire rouler le nom de l’inconnu, lui aussi tout aussi ancien, joint à une particule nobiliaire.

« Oui bien sûr, si vous m’offrez votre nom. » Il ne semblait pas rassuré, regardant les nuages annonciateurs de pluie, mais il était seul et n’avait que cette demoiselle, vêtue de blanc, à qui se confier. Il se rappelait pleins de choses, mais il ne pouvait pas tout dire à cette jeune femme qui semblait si douce et accueillante, bien loin des femmes qu’il connaissait, la terrible Ellane Wells et sa folie des diamants, Sid la sanguinaire capitaine qui pillait et torturait les Caraïbes avec son compère Edward Low et Isabella, la charmante Andalouse qui cachait un esprit aussi acéré qu’une lame en acier.

« Hélène, je m’appelle Hélène »

« Quel beau nom, c’était celui de ma…filleule » Il avait manqué dire première femme.

« Votre filleule ? Mais vous n’êtes pas si vieux que cela. »

« Je ne vous révélerai pas mon âge Ma dame, je gage que les Caraïbes m’ont conservé, mais j’ai depuis longtemps dépassé la moitié de siècle » Sourit-il, ce qui inquiété légèrement la jeune femme, avait-il perdu la raison ? Elle avait devant elle un jeune homme brun, qui parlait certes un français bien loin supérieur à celui qu’elle pouvait entendre chaque jour, mais de là à se vieillir. Et qu’est-ce que c’était que cette histoire des Caraïbes ?

« Les Caraïbes dites-vous ? J’ai visité Kingston étant jeune » Dit-elle, essayant de continuer de faire parler l’homme. Mais étrangement, le visage de celui-ci se voila.

« Kingston ? Vous êtes anglaise ? » Il semblait surpris, et avait reculé loin du bras de la jeune femme, inquiète, celle-ci appuya sur un petit bouton discret.

« Heu non, j’y suis allé, en voyage… »

« En voyage ? Mais vous pourriez donc dessiner la rade de Port-Royal ? Et vous avez été capable de calculer les troupes anglaises ? Sans compter leurs navires et leurs arsenaux ? » La voix de Charles se faisait plus volubile, excité « Excusez-moi de vous presser Madame, c’est indigne d’un gentilhomme, mais j’ai tant besoin de savoir ce genre de choses pour…Mes opérations », Il avait repris de lui-même la main d’Hélène, cherchant à la faire parler plus avant.

« Je…Pas vraiment, mais quels sont vos opérations Charles ? »

« Comment ? La métropole m’aurait oublié ? Je gage que c’est la faute de ce diable de Seignelay, déjà que je ne pouvais pas sentir son père…La peste soit de cette famille d’usuriers. »

« Les usuriers ? »

« Colbert et sa sinistre famille, vous savez, ils ont fait mourir à Pignerol un de mes meilleurs, amis, Fouquet…Chiens imbéciles, si je n’avais été gouverneur des Antilles et guerroyant contre les godons, je jure devant Dieu que le Roi aurait été mieux servi une fois pendu ces diables de Champenois »

Hélène semblait avoir peur, mais elle avait vu bien pire, ce jeune homme semblait complétement désorienté, et elle, ne sachant que faire, attendait l’arrivé de quelqu’un. Elle essayait de se rappeler des souvenirs, elle voyait Colbert et Fouquet, pour avoir vu cette série avec Laurent Deutsch il y a peu. Mais les autres, elle n’y comprenait rien, il parlait avec tant de véhémence qu’on aurait dit qu’il les connaissait vraiment…En plein XXI° siècle. L’imagination fertile de la jeune demoiselle lui fit penser qu’il avait peut-être traversé les siècles dans une faille spatio-temporelle, mais alors pourquoi serait-il revenu jeune ? A moins qu’il ne soit complétement fou, pourtant il semblait aller si bien, physiquement, et son délire était trop bien construit. Après, elle n’était pas psychiatre, mais elle en connaissait assez sur le rayon pour se douter que…

« Vous êtes bien pâle Hélène. Vous ais-je fait peur douce enfant ? Je vous prie d’excuser mes manières, mais il me faut absolument en savoir plus…Les godons doivent disparaitre, tout comme ceux qui servent ma la France, n’êtes-vous pas d’accord ? » Il semblait fiévreux, et Hélène priait pour que quelqu’un arrive en hochant la tête, quand elle vit la poignée de porte commencer à s’ouvrir et…

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